Après une expérience décevante en matière d'enseignement, le pédagogue soutient l'idée du caractère intrinsèquement nuisible de l'école, coupable de soumettre l'élève à un modèle unique et de dévaloriser le plus grand nombre. Il prône la déscolarisation des enfants au profit des apprentissages autonomes. ©Electre 2024

Grâce au talent de conteur de John Holt, on comprend intimement comment il s'est rendu compte qu'enseigner ne pouvait qu'être inefficace et dommageable, même dans les classes conviviales qu'il avait mises en place : l'école est structurellement inadaptée pour apprendre.

Par les récits précis et pleins de vie de John Holt, issus de son observation de l'apprentissage en cours (ou pas) dans ses classes, et par les ajouts qu'il a apportés vingt ans plus tard pour compléter la première édition, on voit comment il a progressivement perdu foi en la capacité de l'école à se réformer : il est devenu à partir des années 1970 le penseur majeur du unschooling (qu'on appelle aussi « apprentissages autonomes »). De plus en plus de gens cherchent aujourd'hui à se défaire de la vision de la société centrée sur l'école, et c'est stimulant de lire les fondements de la pensée de John Holt.

Ce livre sera utile aux parents qui hésitent encore à déscolariser un enfant en souffrance à l'école, ils comprendront pourquoi ce sera mieux pour lui, même si ce choix demande des aménagements familiaux compliqués. Il intéressera ceux qui veulent en savoir plus sur l'histoire de la pédagogie : on assiste en direct à la prise de conscience par Holt de l'impossibilité intrinsèque de la forme scolaire de transmettre autre chose à un enfant que la soumission et la dévalorisation de sa propre expérience.

« Le problème, c'est que je posais trop de questions. Avec le temps, j'ai appris à me taire et ne plus poser de questions, à cesser d'essayer constamment de trouver combien d'élèves avaient compris. Nous devons laisser les apprenants décider quand ils veulent poser des questions. Il leur faut souvent un long moment rien que pour trouver les questions qu'ils ont envie de poser. Ce n'est pas le travail de l'enseignant que de tester constamment la compréhension de l'apprenant et de la vérifier. C'est celui de l'apprenant, et seul l'apprenant peut le faire. Le travail de l'enseignant est de répondre aux questions quand les apprenants lui en posent, ou d'essayer d'aider les apprenants à mieux comprendre quand ils réclament ce genre d'aide. »