Un coup de coeur de Jean-Baptiste G.
Pavel Melnikov-Petcherski a bien connu ce qu'il nous dépeint, tant les lieux que les individus. Il porte un regard affectueux sur les gens qu'il décrit d'autant plus que nombre de ceux-ci sont réels et ont existé. Affectueux certes, mais juste et clairvoyant. Ainsi, plus nous sommes amenés à vivre à leurs côtés plus ceux-ci sont à même de nous révéler leur véritable nature. Et souvent, malheureusement, derrière la fine pellicule de piété et de morale de ses âmes chrétienne se cachent l'hypocrisie, la superstition et l'avidité. Car ces vieux-croyants sont avant tout des hommes et la prière ne saurait les protéger de ce mal. Pourtant loin de l'auteur l'idée de poser sur eux un regard pessimiste. L'un de ses principaux protagonistes, Patap Maximytch, est un homme de bien mais un homme orgueilleux. De son orgueil viennent ses malheurs, de ses bontés sa rédemption.
Une dernière raison de se plonger dans ce monument de la langue russe tient à son indéniable apport en matière d'ethnologie. Melnikov nous décrit ce qu'il a vu, un monde qu'il a arpenté, des communautés qu'il a côtoyé. Aidé par son extraordinaire mémoire il nous parle d'une culture qui puise ses racines tant dans le christianisme orthodoxe que le paganisme antiques et les rites agraires vieux de plusieurs siècles. Il raconte les travaux des champs, les pèlerinages à Kitej et les longue veillée des couvents. Il retranscrit une multitude de chants profanes et religieux en même temps que sa gourmandise légendaire le pousse à nous décrire avec foule de détails les repas et les mets de cette société sylvestre. Dans les forêts se présente alors comme « un document humain de première importance pour tous ceux qui s’intéressent à la Russie » comme le souligne si justement Sylvie Luneau, traductrice de l'œuvre.
Lire Dans les forêts c'est découvrir une icône de la culture russe, une image de la richesse indéniable d'une littérature que les éditions des Syrtes vous invite à découvrir.