Un coup de coeur de Héloïse
A San Cristobal donc, où vivent le narrateur, fonctionnaire de la ville, sa compagne et la fille de cette dernière, quelque chose a changé. Dans la torpeur locale, il faut un certain temps avant que les habitants ne comprennent de quoi il s’agit : les enfants. Ils sont de plus en plus nombreux dans les rues, pas les enfants indigènes que l’on y voit régulièrement faire la manche, mais un groupe d’enfants, entre 9 et 13 ans, jamais vus auparavant, tous arrivés en même temps et qui agissent en bandes séparées. Ces enfants captivent autant qu’ils inquiètent, d’autant qu’ils parlent une langue que nul ne comprend, inventée d’eux-mêmes. Encore plus préoccupant, il apparaît que les enfants de la ville, ceux qui vivent sous un toit avec leur famille, sont de plus en plus attirés par ce groupe de jeunes de leur âge, jusqu’à ce que certains commencent à disparaître …
Cette histoire tragique, racontée par le narrateur vingt ans après les faits, est à la fois effrayante et captivante. Elle met à jour nos contradictions d’adultes face au monde de l’enfance : ce groupe d’enfants terrifie car il échappe aux règles établies par les adultes, il semble incontrôlable.
Le sentiment d’une menace en suspens rappelle certains romans de Roberto Bolaño, qu’on aurait situés dans une ambiance matinée de superstition et presque surnaturelle évoquant le roman Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Autant d’éléments qui font de cet ouvrage un conte cruel qui nous happe.