Quatre nouvelles datant de la fin du XIXe au début du XXe siècle évoquent la passion absolue lorsqu'elle brise les chaînes des conventions sociales. ©Electre 2024

Gentillie - La plus belle fille du village est promise à Sander Bischbosch, dit Cierge de Neuvaine, le plus prospère paysan du pays. Mais Gentillie n'en pince en secret que pour Kriel Pintloon, dit l'Esprot. L'insaisissable contrebandier court les dunes, au grand dam des douaniers et des honnêtes gens du littoral dunkerquois qui se racontent avec autant d'admiration que d'effroi ses exploits. Pour lui, elle renoncera à tout : famille, fiancé, fierté, honneur, mais pas à sa noire passion, à laquelle elle se livrera corps et âme.

La Pirane - Voluptueuse « poissarde » du marché d'Honfleur, Clémence Piran est aussi courtisée que fidèle à son mari. Chacun à son travail, l'un qui pêche du poisson, l'autre qui en vend, les repas en commun, les économies en commun, le lit en commun, avec cela la vie s'écoule sans qu'on y pense. Voire... Un débardeur à la fière allure, puis un mousse à gueule d ange, viendront saper sagesse et respectabilité. La tentation s'empare de la Pirane, et de la tentation au crime, il n'y a parfois qu'un pas.

À tes pieds ! - Que sont devenus les occupants de cette maison isolée ceinte de hauts murs, à l'abandon depuis vingt ans ? Le couple qui y vivait a quitté les lieux du jour au lendemain sans jamais reparaître. Le charme spleenétique de l'endroit incite un Parisien revenu de tout à s'y installer. Il devra mener une enquête plus intime que policière pour percer le mystère des amants disparus et celui de cette statue, figure allégorique du Silence éternel, dressée en un coin reculé du parc rendu à l'état de nature.

Le chevalier aux hermines - Le bruit se répand dans la jeunesse d'une petite ville côtière de Bretagne : « Rosnoën est mort ! » L'un de ses camarades, membre comme lui de la société bretonnante des « Hermines », hérite du journal du défunt. Ses pages empreintes de passion et d'idéal racontent l'éclosion d'un amour que condamnent les convenances bourgeoises. Puisque « quelque chose de trop vil demeure parmi les hommes », reste-t-il aux coeurs intègres d'autre évasion que la fuite ?

Georges Eekhoud, Lucie Delarue-Mardrus, Jules Lermina, Émile Masson : quatre plumes acérées du siècle passé nous livrent autant de noires romances, de sombres mélos d'enfer au charme vénéneux toujours puissant.