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Un coup de coeur de Isabelle P.
Si le terme de bergère recèle en lui la poésie des récits pastoraux d'autrefois, ne vous y trompez pas: le livre de Florence Robert vous plongera dans la beauté et l'âpreté de la garrigue, dans la réalité d'un métier qui demande jusqu'à la moindre parcelle d'énergie, de vitalité, d'attention à celui qui décide d'en vivre.
Quittant sa profession de calligraphe sur un coup de cœur (et non sur un coup de tête), l'auteure décide de s'installer dans les Corbières à la tête d'un troupeau de 100 brebis. Elle se confronte ainsi à une vie en rythme avec la nature, en cohésion avec le vivant ; transparaît aussi en arrière plan cette volonté de renouer une communication rompue avec ces lieux délaissés par le pastoralisme, réintégrant l'homme, ou plutôt la femme, et la bête pour que perdure ce paysage magnifique. Le rêve ne s'écroule pas sous le poids de la réalité, il n'était pas illusion ; l'épuisement et l'implacable travail quotidien sont de plus redoutables ennemis. Mais Denis, Christophe ou même encore Tauch sont présents, tout au long du livre, nouant les fils de l'entraide, de la transmission, de la confiance.
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Je suis bergère, j'élève des brebis depuis dix ans.
Un métier comme un étendard, miteux ou digne d'intérêt selon l'interlocuteur ; son seul nom donne un statut lisible. J'ai souvent hésité à l'annoncer, ce métier de pauvre et de sauvage, dans des assemblées mieux habillées. Aujourd'hui, je me sens appartenir à un corps d'éleveurs et de bergers, on se devine de loin, on se flaire. On se tutoie avant même de se connaître. Quelques mots suffisent pour se situer: quelle région, quelle race, quelle montagne? On connaît toujours des gens en commun. Sous la table, une même communauté de préoccupations et de savoirs cachés. Et un je-ne-sais-quoide gourmand à exposer et à entendre ce qui fait récit, ce qui nous vêt.
La plume est honnête et chaque mot pesé, expérimenté, choisi, dessine le parcours de cette Bergère des collines moins en proie aux doutes qu'à la rudesse d'une vie centrée sur le besoin des bêtes, l'imprévisibilité du temps et la nécessité de gagner sa vie.
C'est un récit passionnant qui sait aussi être chant poétique, bergère explorant sa vie jusque dans les chairs des brebis.
- Qu'est-ce que vous faites ?
- Je suis bergère, j'élève des brebis depuis dix ans.
Un métier comme un étendard, miteux ou digne d'intérêt selon l'interlocuteur ; son seul nom donne un statut lisible. J'ai souvent hésité à l'annoncer, ce métier de pauvre et de sauvage, dans des assemblées mieux habillées. Aujourd'hui, je me sens appartenir à un corps d'éleveurs et de bergers, on se devine de loin, on se flaire. On se tutoie avant même de se connaître. Quelques mots suffisent pour se situer: quelle région, quelle race, quelle montagne? On connaît toujours des gens en commun. Sous la table, une même communauté de préoccupations et de savoirs cachés. Et un je-ne-sais-quoide gourmand à exposer et à entendre ce qui fait récit, ce qui nous vêt.
La plume est honnête et chaque mot pesé, expérimenté, choisi, dessine le parcours de cette Bergère des collines moins en proie aux doutes qu'à la rudesse d'une vie centrée sur le besoin des bêtes, l'imprévisibilité du temps et la nécessité de gagner sa vie.
C'est un récit passionnant qui sait aussi être chant poétique, bergère explorant sa vie jusque dans les chairs des brebis.