Un coup de coeur de Sophie D.
Roy Cohn était un avocat immense. Il débrouille toutes les situations, gagne presque tous les procès, obtient des sommes folles pour ses clients, décourage des reporters malveillants, fait censurer des livres, désigne lui-même les juges et les procureurs des affaires qu'il traite. Un personnage romanesque et haut en couleur.
A la fois sombre et glamour, riche et mauvais payeur, show-off à l'excès, jetant de la poudre aux yeux, repoussant et outrepassant toutes les limites, flirtant avec la détention, la mafia, la mort; il est fêtard, malhonnête, croqueur d'hommes, totalement lifté. Il roule en Rolls et demande à son chauffeur de ne pas s'arrêter aux feux rouges. Il se targue de ne pas payer d'impôts en faisant passer tous ses revenus et dépenses sur son cabinet, y compris son yacht qu'il coule probablement volontairement pour obtenir l'indemnité de l'assurance.
Cohn a eu une influence considérable. Il est l'artisan de l'élection de Ronald Reagan. Il était proche de Richard Nixon. Il introduit Rupert Murdoch dans l'establishment américain. Il crée l'image de Donald Trump. On apprend comment Cohn persuade le magazine Forbes de mentionner Trump, alors promoteur débutant, parmi les 400 premières fortunes des États-Unis, en mentant de manière éhontée sur les millions de dollars que le futur président feint de posséder alors qu'il n'en est rien. « Fake it to Make it » est leur devise.
Au même rythme qu'elle se trouve progressivement admise dans la société, Cohn assume peu à peu son homosexualité, jusqu'à ne plus vraiment s'en cacher. Roy Cohn était un dur, un violent, un homme sans morale, un tueur et aussi le meilleur avocat de son temps.