Un coup de coeur de Marion B.
Mathias Énard, le grand écrivain voyageur et polyglotte qu’on ne présente plus est un passionné des langues. J’y mets ma langue à couper reprend une conférence donnée en 2019 à l’occasion du festival fluvial et itinérant les Passerelles d’Europe. Des langues officielles des États-nations, aux langues minoritaires en passant par les langues de fiction (comme la langue elfique de Tolkien) ou les pidgin (ces langues créés par des marchands de pays différents pour permettre leurs échanges), c’est toute la richesse des langues et de leur évolution à laquelle nous introduit l’écrivain. Autour de la question de leur naissance et de leur mort, deux rêves se dessinent : celui d’un retour à la langue unique, pré-babelique dont l’Esperanto est une des manifestations et celui de préserver coûte que coûte la diversité des langues. L’un et l’autre portent en eux, en fin de compte, des conceptions différentes de ce qui nous constitue en tant qu’humanité. Et c’est tout le talent de Mathias Énard que de brosser avec savoir et clarté un tableau de l’état de notre rapport aux langues en une petite soixantaine de pages. Des questions du public ayant assisté à la conférence les prolongent et permettent de les éclairer ou de les approfondir dans une seconde partie.