Dans ce roman, une policière nommée Latifa Gadsaïev enquête sur le meurtre d'un homme retrouvé dans une baignoire avec des traces de torture. Ses investigations font remonter en elle les souvenirs d'un traumatisme qu'elle cache derrière un humour incisif. La sortie de route en montagne dont elle avait été victime n'était peut-être pas un accident. ©Electre 2024

Sorties de route

Un homme ayant subi de cruelles tortures est retrouvé mort, la tête dans une baignoire. Latifa Gadsaïev, femme flic, provocatrice et libertine, dotée d'un humour incisif qui cache un profond traumatisme, participe à l'enquête.

Règlements de compte, machination politique ? Un député véreux du sud de la France, un drogué black paumé, un trafiquant bête noire du commissaire, sans compter un mystérieux et dangereux homme de main... suspects, victimes, coupables et cadavres se multiplient. L'enquête recule.

Au fil de l'action et de l'investigation, Latifa exhume une nouvelle énigme qui ravivera en elle sa soif inextinguible de réponses : la tragique sortie de route dans les montagnes alpines était-elle vraiment un accident ? À la fois fragile et solide, c'est l'enquêtrice elle-même qui détiendra la clé de l'imbroglio pour déverrouiller le mystère de son propre passé.

Je m'appelle Latifa Gadsaeïv.

Sur l'accident lui-même et les années qui l'ont précédé, mon cerveau a déposé un voile pudique et bienfaisant. Une sorte de pansement ou blindage, comme vous voulez. Le couvercle de ma boîte de Pandore à moi que le destin allait m'obliger à forcer.

Les psys disent qu'il vaut mieux savoir.

Je suis sûre du contraire. Une bonne cuirasse, ça évite de laisser passer n'importe qui, n'importe quoi. Tu filtres et tu n'es pas surprise. En tout cas, ça a toujours marché pour moi.

La cuirasse a tenu.

Jusqu'à maintenant.

Dans le petit cagibi dont trois murs sur quatre touchaient les bords de son lit, je contemplai mon ex-camarade, dormant sur le dos, à poil au-dessus des draps, la bouche ouverte.

Sans me soucier des voisins, je frappai comme un sourd sur le montant de la porte en hurlant :
- Richard. Il est l'heure !

Son sexe marquait midi mais je me faisais fort de le ramener à six heures pétantes en moins de trente secondes.

Malgré mes hurlements et mon barouf, tout ce que je pus obtenir fut un léger hoquet dans le continuum de son ronflement. Je m'approchai du lit et donnai de violents coups de pieds sur le bord du sommier en gueulant :
- Police ! C'est l'heure de la bouffe et du pétard !