Récit de 17 voyages littéraires organisés entre 2012 et 2020 à travers le monde. L'auteur est accompagné à chaque fois d'une vingtaine de femmes intéressées par l'art, la littérature et le voyage. ©Electre 2024

Les Voyageuses

Pour l'enfant amoureux de cartes, l'univers est égal à son vaste appétit, écrit Baudelaire. Et en ces temps de corona où le monde se fige, où l'on se barricade chez soi et l'on se méfie de l'autre, de la terre étrangère, des frontières, l'appétit, suspendu, confiné, frustré, devient encore plus féroce, et la soif de l'ailleurs d'autant plus insatiable qu'elle est empêchée à la source.

Mais il est plusieurs façons de voyager, et le Bateau Ivre, qui a effectué 29 périples inouïs, de 2012 à 2020, avant la tragédie, rentre au port avec des récits merveilleux qu'il se met à chanter pendant les longues nuits d'hiver. Les phrases, si particulières, uniques dans leur langue et leur accent, les gestes, les scènes, les intrigues, sont ses plus beaux souvenirs. Les histoires se sont ajoutées aux histoires, elles ont augmenté en volume, en nuances, elles se sont enfouies dans la mémoire, puis elles se sont décantées, et aujourd'hui, elles se déposent comme un temple de roses et de mots. Des récits qui poursuivent le voyage autrement, qui refont le monde, évoquent les paysages de l'Écosse, d'Indochine ou de la Patagonie, les îles grecques et tropicales, les temples du Japon et du Tibet, les pyramides d'Égypte ou du Mexique, l'Europe d'hier, les campagnes de France et d'Espagne, ou les villes de demain.

Cependant tous ces pays ne trouvent pleinement leur sens que dans des anecdotes authentiques, un peu brodées, dramatisées, à peine romancées, mais qui se sont toutes déroulées, autour de portraits de plus de 30 femmes exceptionnelles, des profils surprenants, des personnalités inoubliables et complexes, souvent invraisemblables, avec leurs manies, leurs désirs, leurs phobies, et même leurs accessoires, un cabinet de curiosités dont on se souvient longtemps après les avoir étudiées. Ce sont elles qui font la matière inédite de ce journal, qu'il faut lire à la fois comme un guide de voyage vivant et comme une épopée de pleurs ou de rires sur la nature humaine à l'heure fabuleuse où elle navigue et s'enivre. De sillons, de femmes et de poésie.