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Un coup de coeur de Sylvain
« Ce que je voulais de ma pauvre sœur de misère, c’était lui demander quelles brutalités, quels actes vulgaires et honteux avaient commis sur elle les hommes montés jusqu’à ce jour dans cette pièce. Je voulais ensuite dénoncer l’horreur de leurs comportements et, faisant ainsi étalage de ma nature vertueuse, me glorifier à ses yeux. D’une petite voix, elle finit par me répondre :
– T’as envie d’savoir des tas d’choses sur moi, hein ? En ce moment, ça m’est pénible de parler, mais si tu fais vraiment rien d’autre, j‘veux bien t’causer un peu. »
Écrit lors d’un séjour en prison durant l’été 1923, mais publié deux ans plus tard dans la revue Bungei sensen, « La Prostituée » est une véritable bombe politique et littéraire qui fera accéder son auteur à la notoriété qui ira bien au-delà des cercles de la littérature prolétarienne.
« La Prostitué » conte l’histoire d’un homme forcé par trois autres à leur céder son argent, en échange de quoi, ils le conduisent jusqu’à une femme agonisante, qu’ils semblent détenir contre sa volonté et dont ils lui offrent de faire ce qu’il voudra.
Le dialogue qui s’engage alors entre le narrateur et la jeune femme posera des questions aussi urgentes que dérangeantes : est-on toujours l’exploité de quelqu’un ? Est-on toujours l’exploiteur de quelqu'un ? Et surtout, est-ce faisable de sauver les gens ?
Consentement, servitude volontaire, utilité des misérables, près de cent ans après sa publication, ce texte à la portée explosive reste terriblement d’actualité et résonne étrangement à notre époque marquée par les crises.