Un coup de coeur de Delphine Z.
Les femmes, très peu accompagnées et souvent peu soutenues pendant cette période (secret oblige, on n'annonce souvent sa grossesse, au travail notamment, qu'au terme du troisième mois, après la première échographie), sont alors en proie à des symptômes dont au moins un sera quotidiennement très difficile à vivre, voir handicapant : nausées qui peuvent finir en hospitalisation, extrême fatigue, frôlant parfois la narcolepsie, maux de tête, baisses de tension, sautes d'humeur.
Malgré ces symptômes et cette angoisse, aucune prise en charge psy ou thérapeutique, aucun aménagement au travail; et chez le médecins, les femmes et leurs familles seront pour la plupart, assez peu informées du pourquoi de tous les tests urinaires ou sanguins et de leurs potentielles suites, créant une culpabilisation des femmes si quelque chose se passe mal (puisque le manque d'informations fait peser toute la responsabilité du bien-être du fœtus sur la mère qui le porte). En cas de fausse couche, pareil : peu de personnes sont au courant, l'"échec" de la grossesse est tu, sa responsabilité pèse sur la mère et il n'y a pas de prise en charge automatiquement proposée.
Dans son livre plus que nécessaire, Judith Aquien observe, décortique des témoignages, les analyse, et met la lumière sur une période presque "taboue" dont on ne peut avoir actuellement une vision exhaustive qu'en la vivant ou en allant sur des forums de niche, dédiés aux futures mères (les pères n'y sont pas présents). Après la mise en lumière sur les règles, le clitoris, les traitements médicaux uniquement adaptés aux hommes, etc, ce livre arrive à la suite d'une mouvance de réappropriation du corps des femmes par elles-mêmes et de reconnaissance de ses problématiques propres dans la sphère publique, pour que, enfin, celles-ci soient correctement reconnues et prises en charges.