Fondée en 1988, la Centurie réunit des combattants entrés dans la Résistance alors qu'ils n'étaient qu'adolescents. Cet ouvrage présente le parcours durant la guerre de 207 de ses membres. ©Electre 2024

Livre d'Or de la Centurie des plus Jeunes Combattants Volontaires de la Résistance

Espoir et Volonté

La préface de cet ouvrage est signée de Pierre Morel, dernier président du CAR, Comité d'Action de la Résistance, qui regroupait la quasi-totalité des Associations d'anciens Résistants et d'anciens Déportés. Ses cosignataires, Marcel Jaurant-Singer et Bob Maloubier, étaient, tout comme lui, des anciens du SOE anglais, Special Operations Executive. Tous les trois ont été tour à tour Présidents de la Fédération Nationale Libre Résistance. Leurs conjointes signatures sont symboles de cette unité qui liait l'ensemble des Résistantes et des Résistants quels qu'aient été leur nationalité, leur milieu social, leurs convictions. La Résistance, cette épopée unique dans l'histoire de France par le nombre de ses participants, tous Combattants Volontaires, et par le nombre d'adolescentes et d'adolescents venus se battre aux côtés de leurs aînés.

En lisant nos récits succincts de jeunes combattants volontaires, on comprendra tout le sens de cet héritage que nous souhaitons léguer, notamment à celles et ceux qui ont l'âge que nous avions à cette époque : 15 ans et 9 mois, tel était l'âge moyen, officiellement reconnu, des membres de notre Centurie de jeunes Résistants. Agents de liaison et de renseignements, passeurs, soldats, nous nous sommes adaptés à toutes les formes de combat, prêts à donner consciemment notre vie. Ce Livre d'Or est comme un testament que, jeunes d'hier, nous livrons aux générations présentes et futures. Testament de fidélité à la patrie blessée. Testament de fidélité à l'esprit de notre révolution française, de sa Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, de son esprit de liberté, d'égalité, de fraternité. Testament d'engagement citoyen au péril de sa vie.

En ces années durant lesquelles un couvercle de plomb s'était abattu sur la France et sur l'Europe, quelles raisons pouvions-nous avoir d'espérer ? C'est alors que nous nous sommes hissés au-dessus de ce couvercle de plomb et que nous avons aperçu dans le lointain, dessiné, imaginé, espéré un Monde de liberté, un Monde à conquérir, qu'il nous faudrait participer à conquérir, coute que coûte, en volontaires, en opiniâtres malgré et contre tout, à l'encontre des hérauts du désespoir et de la repentance proclamée par Pétain, à l'encontre des slogans mensongers, à l'encontre des armes. Un Monde qu'il nous fallait reconquérir, une liberté qu'il nous fallait reconquérir, quitte pour nous à en mourir.

Encore avait-il fallu se hisser au-dessus du quotidien, au-dessus des idées imposées. Encore avait-il fallu regarder au-delà de notre étroit horizon de nos jours de misère.