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Un coup de coeur de Bélinda B
Le récit vibrant de la naissance et destruction d'une favela argentine, entre violence et entraide, tragique et sublime.
De son expérience à La Villa, villa miseria (c'est ainsi que sont appelés les bidonvilles argentins), Qüity ne veut rien oublier : ni l'amour, ni la joie, ni la mort. Elle y a rencontré Cleopatra, ancienne prostituée qui voue sa vie à la Vierge depuis que cette dernière communique avec elle, Jonas, le dealer amant, ou encore Kevin, l'enfant presque adopté.
Venue pour faire un reportage sur cette fameuse Cléo, porte-parole de la Vierge bien décidée à faire de La Villa une utopie autogérée, Qüity n'a finalement plus quitté cette communauté de laisser-pour-comptes, prostituées, dealer et autres marginaux, qui deviennent petit à petit sa famille.
La violence qui sévit à La Villa est extrême, elle vient de la pauvreté et du manque de moyens, de la corruption, des riches qui habitent à côté et cherchent à faire disparaître le bidonville. Ce dernier est littéralement écrasé par la ville où trônent des maisons ultra-sécurisées protégées par des sociétés de sécurité privées.
L'entraide y est nécessaire, tout comme la foi : c'est la croyance en un salut qui leur permet de continuer à vivre. Alors on y construit une statue de Vierge, pour les guider, on s'organise, on vole, on répare. On y fait la fête aussi, chaque journée se termine invariablement en fête où la musique, la danse et l'alcool enivrent chacun jusqu'au petit matin.
Tout ça nous est raconté par Qüity (corrigé et revu par Cleopatra) alors que La Villa n'est plus qu'un souvenir, douloureux et lumineux à la foi.
Ce roman est une petite pépite, l'autrice nous entraîne dans une virée hallucinée au cœur d'une villa miseria, à la rencontre de personnages hauts en couleur et émouvants. Des décombres et de la misère surgissent bien souvent l'éclat et l'amour, grâce notamment à la langue, révoltée et musicale, de Gabriela Cabezon Camara.