Dans les sociétés contemporaines, l'idée que l'action publique doit reposer sur les acquis de la recherche scientifique domine mais est sujette à débat et objet de controverses. Les auteurs s'intéressent à cette problématique pour le champ des sciences de l'éducation, par différentes études de cas (Europe, Afrique) et dans une perspective de scientificité hors de toute considération militante. ©Electre 2024

Action publique, gouvernance et recherche en éducation

Dans nos sociétés contemporaines, démocratiques et avancées, la complexité des phénomènes sociaux et politiques aboutit presque naturellement à l'idée que seule l'action publique informée, armée de résultats scientifiques solides, est à même de répondre aux défis du temps dans le domaine de l'éducation comme dans les autres. Néanmoins, cette idée d'une nécessaire dissémination et d'une utilisation avisée des connaissances issues de la recherche, pour la mise en oeuvre de politique éducatives, demeure un objet de débat, voire de controverses. Elle sert de point de départ aux réflexions et analyses proposées dans cet ouvrage collectif. Les différents chapitres abordent de manière originale et novatrice les liens entre l'action publique (ce que l'on fait), la gouvernance (comment on le fait) et la recherche (ce que l'on sait) dans le domaine de l'éducation en Suisse mais aussi dans d'autres contextes nationaux (France, Liban, Tunisie, Maroc). Les démarches utilisées pour analyser ces liens répondent à des exigences de scientificité. C'est une des caractéristiques souhaitées de l'ouvrage. Les auteurs utilisent les méthodes et outils de la recherche pour produire, en phase avec notre époque, des connaissances intéressantes et inédites, sans prendre des positions militantes ou formuler des jugements à l'emporte-pièce sur les relations complexes et parfois difficiles entre chercheurs et décideurs et sur l'action publique elle-même.

Résumé

Les modes de gouvernance en éducation ont considérablement évolué au cours des dernières décennies, dans la plupart des contextes nationaux ou supranationaux. Il n'est pas chimérique de considérer, a priori, que les éclairages proposés par la recherche en sciences sociales contribuent à la mise en oeuvre de politiques éducatives, à la régulation et même à l'organisation des systèmes d'action publique dans le domaine de la formation. Ne doit-on pas connaître pour agir ? N'est-ce pas là une façon d'ajuster au mieux les moyens mis en oeuvre aux fins socialement et politiquement construites comme justes et pertinents ? Les réponses à ces questions peuvent paraître évidentes. Pourtant, l'idée d'une nécessaire dissémination et d'une utilisation avisée des connaissances issues de la recherche, par les décideurs politiques, demeure un objet de débat, voire de controverses. C'est justement dans un état d'esprit d'exploration et de débat qu'un colloque international avait été organisé à Bienne (Suisse) en 2016. Il avait per- mis de réunir une grande diversité d'acteurs, décideurs politiques, cadres et agents de l'administration, professionnels de l'éducation et chercheurs pour aborder les relations entre l'action publique, la gouvernance et la recherche dans le domaine de l'éducation. Le présent ouvrage, issu de ce colloque, a été réalisé dans une démarche scientifique. Les apports des différents chapitres sont denses et variés. Ils dressent un état des lieux, questionnent et interpellent les acteurs de la gouvernance tout en adoptant une distance critique. Ils esquissent des voies praticables pour les chercheurs amenés à participer de différentes manières à l'action publique.