Maire de Rillieux-la-Pape depuis 2014, l'auteur explique la politique qu'il a mise en place dans cette ville populaire de la banlieue lyonnaise. Il décrit ses actions en matière de sécurité, de tranquillité publique, de délinquance, de décommunautarisation, de culture ou encore d'insertion par le travail, des mesures visant à reconquérir l'électorat populaire en incarnant l'autorité. ©Electre 2024

Ce n'est qu'une question de courage

Après une carrière de collaborateur politique, Alexandre Vincendet a choisi un défi qui lui ressemble : être parachuté dans une commune gérée par la gauche depuis vingt ans et réputée ingagnable pour un candidat de droite, Rillieux-la-Pape, l'une des villes les plus populaires de la banlieue lyonnaise, qui compte 55 % de logements sociaux et un des « quartiers prioritaires » les plus peuplés de France.

Dès son élection en 2014, il n'a qu'un objectif : changer le destin de sa ville et de ses trente mille habitants. Mais comment faire quand on n'a pas de moyens financiers, que les entreprises ont tendance à fuir une ville qui a mauvaise réputation, que le quartier le plus pauvre est particulièrement délabré et que les tentations de repli communautaire sont innombrables ? Alexandre Vincendet a su briser les vieilles habitudes en prenant des risques calculés. Là où beaucoup, par faiblesse, par calcul ou parce qu'ils ne voyaient pas comment faire autrement ont choisi d'acheter la paix sociale, lui a décidé d'aller au-devant des problèmes pour les résoudre.

Sécurité, tranquillité publique, décommunautarisation des commerces, insertion par le travail, retrait des aides municipales aux mineurs récidivistes, politique culturelle, démolition et reconstruction d'une grande partie du « quartier prioritaire », il a attaqué tous les sujets de front, donnant en quelques années un élan décisif à Rillieux-la-Pape. Sa méthode : faire l'inverse de ce qui était fait dans toute la France depuis des décennies, dire non aux caïds, à la délinquance, aller contre l'avis des conseilleurs qui prônent l'apaisement là où au contraire les habitants sont en quête d'autorité. Et surtout, ne pas s'enfermer dans les débats sur les compétences des collectivités : ce n'est pas à la ville de le faire ? Tant pis, elle le fera quand même !

Ce courage a un prix qui est celui de souvent se retrouver seul face à la meute. Mais ce courage paye politiquement comme le montre sa très large réélection en 2020 car il permet de changer positivement la vie des gens. À une époque où les classes populaires s'éloignent légitimement des politiques, il faut avoir le courage d'incarner l'autorité, au niveau local comme au niveau national. Alexandre Vincendet, par son expérience de terrain, esquisse une méthode ayant fait ses preuves pour qu'enfin les politiques puissent commencer le travail titanesque de reconquête de l'électorat populaire.