Un coup de coeur de Libraires BD - Manga
1917, la grande guerre fait rage en Europe. Edouard Roux est un des soldats ayant pris le fusil pour défendre son pays. Mais après 3 années passées au front, Edouard essuie l’explosion d’un obus allemand et perd une partie de son visage. Honteux, détruit et diminué, il décide de vivre en ermite pour ne pas à avoir à subir le regard des autres. Mais c’est alors que tout espoir semble l’avoir quitté, qu’il entend parler d’une jeune femme répondant au nom de Jeanne Sauvage. Cette dernière propose aux gueules cassées comme lui, de leur confectionner un masque pouvant faire l’illusion d’un visage immaculé. Jeanne est également une artiste, une sculptrice de génie appartenant aux sphères artistiques du Paris des années 20. Lassés de la ville, les deux âmes que sont Edouard et Jeanne décident de partir au grand air, dans la région qui a vu grandir et qui a façonné l’homme qu’est devenu Edouard. Le massif du Vercors s’ouvre aux yeux et au cœur de Jeanne tombant en admiration devant cette beauté naturelle et sauvage. Mais ce paysage montagneux est également l’antre d’une reine que le jeune Edouard a vu mourir il y a des années de cela, une ourse majestueuse résidant dans ces massifs depuis plusieurs milliers d’années. Mais est-ce réellement la dernière reine que le jeune homme a vu périr durant sa jeunesse ? Rien n’est moins sûr…
Jean-Marc Rochette signe une œuvre magistrale avec La dernière reine. Mélangeant historique avec pour toile de fond la guerre de 14-18, naturalisme avec la reproduction des sublimes plateaux du Vercors et sa faune et histoire de l’art avec ces rassemblements d’artistes et de curieux dans un Paris en pleine explosion artistique, le roman graphique de Rochette lie tous ces thèmes avec une magnifique histoire d’amour et de partage entre les personnages d'Édouard et de Jeanne.
Mais ce qui cimente toutes ces thématiques c’est la nature, l’appel d’une force sauvage qui nous a précédé et qui nous survivra. Et quoi de mieux pour symboliser cet appel et cette puissance que le symbole de l’ours, roi des fôrets et créature millénaire autant crainte que adorée. Reflet d’Edouard, les deux sont des parias aux yeux des hommes, préférant le contact de la nature que de ses homonymes mais les deux ont le cœur pur et usent de leur force mythique et mystique pour protéger l’être aimé.
Jean-Marc Rochette nous invite à nous plonger dans cette nature sauvage, puissante et impériale. Répondrez-vous à l’appel ?