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Un coup de coeur de Camille V.L.
Vous imaginez-vous la Providence comme une intervention divine qui viendra vous sortir d’un mauvais pas ? Détrompez-vous.
Rémi Brague propose ici de mettre à bas cette conception “naïve” qui aurait pour fonction d’amortir dès que nécessaire les petites et grandes chutes de la vie par l’apparition (“providentielle”, dirait-on de nos jours…) d’un matelas moelleux. Avec la modernité et la sécularisation de cette notion ancienne serait donc advenu, selon l’auteur, le dévoiement d’un concept que l’on comprend aujourd’hui fort mal. Faut-il donc jeter le bébé avec l’eau du bain ? Non pas, affirme Rémi Brague : il convient simplement de remettre les choses à leur place. Disons-le tout net : Dieu ne jetterait aucun matelas.
À la lumière des traditions des religions abrahamiques et avec l’aide de certains des plus grands noms de la pensée religieuse (au premier rang desquels Thomas d’Aquin, qui fournit ici l’idée centrale de l’essai), le philosophe nous invite, dès le titre, à considérer la Providence pour ce qu’elle est : une forme d’économie divine, sorte de délégation qui aurait déjà eu lieu. Cessez de demander ! Vous avez en réalité déjà tout ce dont vous avez besoin.
Le propos est moins déroutant (ne pourrait-on donc plus rien demander à Dieu ?) que rafraîchissant pour qui accepte de se livrer à cet exercice de pensée libérateur et humaniste. Chacun, ainsi replacé au cœur d’une liberté et d’une autonomie à se réapproprier, a toute latitude pour mettre à profit ce qui lui a été délégué en faisant preuve de prudence, de sagesse ou encore de discernement. L’idée est à explorer en détail tout au long d’une réflexion passionnante que l’auteur a pris soin de sourcer généreusement.