Rétrospective de l'oeuvre de cet artiste français dont les travaux sont entrés dans la Collection de l'art brut par l'intermédiaire de J. Dubuffet dès 1981. Parmi sa production figurent notamment des poupées issues de la série Chairdâmes, des dessins au crayon, à la craie grasse, à l'acrylique et à la cire ainsi que des compositions d'images assemblées et cousues sur du tissu ou du papier. ©Electre 2024

Michel Nedjar

La première exposition monographique dédiée à Michel Nedjar, en 2023, à la Collection de l'Art Brut de Lausanne, révèle toute la richesse et la diversité de l'oeuvre de cet artiste, qui s'étend sur presque cinquante ans.

La poupée, à l'origine de la production artistique de Michel Nedjar, est omniprésente dans son travail. Au fil du temps, elle prend des apparences différentes par la multitude de techniques et de supports employés. Tailleur de métier, comme son père, le tissu, en yiddish le « shmattès », est la matière de prédilection qu'il emploie dans la réalisation d'un grand nombre de ses oeuvres. Si Michel Nedjar a toujours pratiqué le dessin - au crayon, à la craie grasse, à l'acrylique et à la cire -, il affirme que l'intégralité de son oeuvre est Poupée.

Bien que la notion d'Art Brut soit désormais trop restrictive pour définir son travail, exposé depuis longtemps dans diverses institutions muséales à travers le monde, c'est par le biais de l'Art Brut que tout a commencé pour lui. Après avoir vu, dans une encyclopédie sur la peinture, la reproduction d'un dessin d'Aloïse Corbaz, l'une des autrices d'Art Brut historiques parmi les plus reconnues en Europe, il décide de se lancer en autodidacte dans la création artistique. Durant de nombreuses années, ce sont essentiellement ses poupées issues de la série « Chairdâmes » - les premières ont été acquises en 1981 par l'intermédiaire de Jean Dubuffet - qui sont exposées dans la collection permanente du musée lausannois. Confectionnées à partir de 1978 à l'aide de chiffons et de matériaux de récupération, trempés dans des bains de teinture, de boue et parfois de sang, elles évoquent la mort et les corps meurtris, en mémoire aux victimes de la Shoah et en écho au vécu de leur créateur.

Le travail de Michel Nedjar se développe principalement en séries, dont certains noms sont constitués de néologismes. Le catalogue d'exposition en présente plusieurs, notamment les « Chairdâmes », les « Papiers mâchés », les « Poupées coudrées », les « Paquets d'objets arrêtés », les « Poupées enversées », les « Coudrages » et les « Objets coudrés », ainsi qu'un grand nombre de dessins issus des séries « Animo », « Mask », « Foules », « Icônes », « Présences », « Écritures », « Visages convoqués » et « Kalata ».

L'ouvrage propose également une chronologie très complète et rassemble plusieurs citations de l'artiste qui font écho à son travail.