Un coup de coeur de Anthony G.
C'est pourquoi Ariane Chemin oriente assez vite son enquête vers l'Algérie où Mouloud Feraoun fut assassiné en 1963. Ce dernier, enseignant et écrivain, était le grand-père des sœurs jumelles. Durant les dernières années de sa vie, dans un contexte politique tendu et se sachant menacé, il vivait dans la peur et la paranoïa (qu'il consignait dans un journal publié par les éditions du Seuil, à titre posthume). Grâce à l’ouverture récente des archives françaises concernant la guerre d’Algérie, le contexte et les conditions de ce drame se dévoilent quelque peu au lecteur.
À la recherche de réponses, émerge alors une question assez vertigineuse que la journaliste ne manquera pas de poser à un psychiatre : la peur voire la paranoïa peut-elle se transmettre de génération en génération ?
Tissant des liens aussi troublants que fascinants entre le suicide collectif de la famille et l’assassinat de l’intellectuel algérien, Ariane Chemin ne manque pas de questionner cette pente délicate qu’est le récit. En tentant de résoudre un mystère, en remplissant les vides et en noircissant les blancs, ne risque-t-on pas de tomber dans l’extrapolation voire dans la fiction ?
Du reste, et c’est là la marque d’un bon livre, le récit d’Ariane Chemin pose bien plus de questions qu’il n’apporte de réponses. Captivant !