Un coup de coeur de Véronique M.
Deux ans plus tard, deux survivants Donato Renzini et Francesco Ercoli, sont jugés coupables d’avoir profité de l’éboulement pour assassiner leur odieux contremaître, détesté de tous.
Pour suivre les trois jours du procès de Marcinelle, Paul Colize crée le personnage d’une jeune journaliste du “Soir”, Catherine Lézin, dont le regard neuf et idéaliste va se confronter à la brutale réalité de l’époque. Non seulement le racisme ambiant accuse les deux mineurs d’origine italienne, mais Catherine va se retrouver également humiliée en tant que seule femme journaliste jetée dans une arène misogyne impitoyable. Et malgré elle, c’est un autre passé autrement douloureux qui va se rappeler à elle, quand Catherine s’appelait Katarzyna Leszcynska, et a troqué son identité polonaise pour un nom sonnant français. Émue par le sort des inculpés, immigrés et bannis comme elle, elle va aussi se passionner pour l’affaire et se découvrir des ressources insoupçonnées…
Autour d’elle, ses confrères tout comme les douze jurés de la salle d’audience sont des hommes, ce qui lui fait penser à l’excellent film “Douze hommes en colère” sorti au cinéma l’année passée, ainsi qu’à “En cas de malheur” avec la scandaleuse Brigitte Bardot, allusion discrète au maître belge des romans policiers. Entre Georges Simenon et John Grisham (connu pour ses thrillers judiciaires), Paul Colize semble nous tendre un miroir pour défendre de condamner un être humain, et redonner parole et dignité à toutes les victimes, offrant ainsi un polar aussi intense que bouleversant.