Un coup de coeur de Mollat
Résultat : une nuit blanche, et pas seulement à cause du titre : Celui qui ne dormait pas. Car ce polar fiévreux, premier roman de l'italien Alessio Viola, vous happe dès le début par son ambiance glauque à souhait « La voiture du flic était un dépotoir. Il avait oublié depuis combien de temps il ne l'avait pas nettoyée et, surtout, il avait oublié pourquoi il aurait dû le faire… Facile à conduire, silencieuse, peu voyante : l'idéal pour prendre un dealer en filature. » Le flic en question, Roberto de Angelis, arpente en tous sens la ville de Bari, ses quartiers, sa faune, à la recherche de « ratons » : voleurs à la tire, dealers, ivrognes, putains et camés… Dans sa ligne de mire se trouve un jeune homme, Giacinto Trentadue, qui va lui ouvrir les portes de Poggiofelice, village-forteresse où règne la pègre, une zone franche à l'intérieur de la société civile, impénétrable pour quiconque n'en accepte pas les règles. Sous prétexte de s'approvisionner en comprimés, le flic infiltré (qui a choisi pour couverture de se faire passer pour un employé au Centre des taxes et impôts) semble prendre goût à l'amitié avec les mafieux, au point de franchir la ligne blanche (y compris la coke). C'est le début d'une descente aux enfers construite à l'image d'une spirale dans laquelle le personnage s'enfonce progressivement… Le lecteur effaré et fasciné n'oubliera pas de sitôt les scènes d'exécution, de défonce, et même sexuelles - car la vie sentimentale de notre flic n'est pas de tout repos, il a la mauvaise idée de tomber amoureux d'une femme médecin qui va l'initier malgré lui aux fantasmes sado-masochistes.
Blanc comme l'insomnie, noir comme les bas-fonds de l'âme humaine, ce polar dérangeant maltraite avec fureur ses personnages et le lecteur qui y prend plaisir… Du grand noir, véritable coup de poing dans la gueule pour bien commencer l'année !