Un coup de coeur de Véronique M.
À l’instar de tous ces écrivains que nous aimons tant, la région d’Italie mise en scène dans leurs livres semble attachée à chacun des personnages, comme si l’un n’allait pas sans l’ancrage de l’autre. Si l’Emilie-Romagne (la ville de Parme et ses environs) irrigue les histoires de Soneri, la Campanie (Naples) résonne dans les aventures de Ricciardi, ou encore le Val d’Aoste est le théâtre des enquêtes de Rocco Schiavone, dans “L’affaire Bramard” l'atmosphère du Piémont et sa ville de Turin imprègnent le protagoniste principal qui vit en solitaire dans un cabanon.
Dès l’ouverture du roman, Corso arpente ses chères montagnes au risque de s’y perdre à jamais. Devenu enseignant à mi-temps, il a démissionné de son poste de commissaire depuis que dix-huit ans plus tôt, le tueur “Automnal” qu’il traquait s’en est pris à sa femme Michelle et à leur fille Martina, l’abandonnant à une tristesse et un sentiment de culpabilité infinis. Sa rage est d'autant plus décuplée que le tueur le nargue en lui adressant régulièrement, depuis des pays différents, les paroles d’une chanson de Leonard Cohen. Mais cette fois, l’envoi est accompagné d’un cheveu appartenant à sa toute première victime qui a été la seule à avoir échappé à la mort. Erreur fatale ou piège machiavélique ? Cette signature ranime son désir de justice et de vengeance contre celui qui a assassiné cinq femmes et a fait de sa vie un enfer. Corso reprend alors du service, aidé par son ancien collègue et ami qui a pris sa place, l’astucieux et solaire commissaire Arcadipane, ainsi qu’Isa, jeune flic rebelle.
Grâce à la passion de Bramard pour les livres, son enquête prend des tours inattendus et savoureux. Doté d’un sens de la répartie qui n’empêche pas sa mélancolie et ses silences de s’exprimer, parions que vous allez succomber au charme de ce nouvel anti héros aussi charismatique qu’émouvant !