Dans les livres, que ce soient des romans ou des essais, l’amour est omniprésent. En effet, “l’amour romantique” fait couler beaucoup d’encre. Pourtant il existe une autre forme de lien, souvent mise de côté et jugée comme insignifiante face à l’idéal du “couple” : l’amitié.  

À travers une étude sociologique et féministe, Alice Raybaud nous offre un véritable plaisir de lecture et met en lumière les puissances libératrices et émancipatrices de l’amitié. 

La journaliste dresse dans son premier essai une véritable encyclopédie sur l’amitié en regroupant des études sociologiques, des témoignages, des références culturelles et des récits d’amitié qui nous invitent à repenser notre paysage amical, c’est-à-dire à ne plus le voir comme un arrière-plan mais plutôt comme un socle, une communauté voire une famille. Depuis le jeune âge, nous sommes influencé(e)s par l’idéal du “couple romantique” qui représenterait le but de notre existence. Trouver sa moitié(e) signifierait devenir adulte, tandis que rester entre amis voudrait dire stagner, rester coincé(e) dans l’adolescence. Ainsi l’amitié ne devrait être qu’une passe éphémère dans notre vie. 

Pourtant, la mise en couple ne deviendrait-elle pas plus sereine si elle était libérée de la peur de  la solitude, sachant que nous serions entouré(e)s de nos ami(e)s ?

 Si les femmes sont souvent vues comme des rivales prêtes à se battre pour l’attention de la gente masculine, Alice Raybaud met en avant l’importance de la sororité et du soutien entre femmes qui se battent contre les emprises de la société. Dans le milieu de l’activisme notamment, cette force est essentielle pour se reposer face à la fatigue constante que créent ces luttes.

L’amitié peut devenir une relation libératrice où il est permis de cultiver son individualité sans renoncer à l’affection et au soutien qu’apporte une relation. Avoir des ami(e)s permettrait de supprimer la pression du célibat, la solitude face aux désastres, le besoin de trouver un(e) conjoint(e) pour créer une famille.

Les ami(e)s offrent une nouvelle perspective d’avenir avec des modes de vie qui diffèrent du « foyer nucléaire ». Se concentrer sur différentes formes de liens nous rend plus indépendants, ouverts et moins isolés. Voir le monde à travers le prisme de l’amitié donne une vision bien plus libre, joyeuse et solidaire de la vie.