L'histoire de ce monument et de sa construction en 1908. Après les combats autour de Metz en août 1870, des comités de femmes se créent pour s'occuper des tombes. Au début du XXe siècle, Jean-Pierre Jean, fondateur du Souvenir français en Lorraine, constate qu'il n'existe que des monuments érigés par l'Allemagne pour ses soldats et aucun pour les Français. Il décide donc de leur construction. ©Electre 2024

Le monument de Noisseville

L'émotion suscitée par Le vol le 27 août 2021 de la statue de « la Lorraine » a ravivé l'intérêt pour le monument de Noisseville élevé en 1908. Principal monument érigé en l'honneur des soldats français décédés dans les combats sur les champs de bataille à l'est de Metz, cet élément remarquable du patrimoine local et national n'avait encore jamais fait l'objet d'étude malgré la portée incommensurable de son inauguration en 1908, sur un territoire cédé à Allemagne par le traité de Francfort en 1871.

Au lendemain des batailles autour de Metz en août 1870, de nombreux blessés furent ramenés dans la ville. Des comités de femmes se formèrent pour les visiter, les soigner et les nourrir. Un groupe composé de « dames de Metz » organisé autour de madame Bezanson, l'épouse du maire, créa l'œuvre de l'entretien des tombes. Une cérémonie religieuse et civique instituée le 7 septembre par l'évêque de Metz, M^gr Dupont des Loges, devint pour les « vieux Messins » un rite, au même titre que le pèlerinage annuel sur le champ de bataille de Mars-la-Tour du 16 août.

Au début du XX^e siècle, Jean-Pierre Jean, fondateur en Lorraine du Souvenir français, prit le relais des Dames de Metz. Les visiteurs des champs de bataille de Metz ne découvraient alors que d'orgueilleux monuments élevés par l'Allemagne victorieuse à la mémoire de ses soldats, alors qu'aucun ne rappelait l'héroïsme des Français tombés à Borny, Noisseville, Servigny, Gravelotte, Rezonville, Vionville, Saint-Privat, Ladonchamps, Peltre ou Spicheren. Pour « réparer » cet oubli, il fit ériger un monument à la mémoire des soldats français tombés en 1870 dans les batailles autour de Metz. Dès son inauguration, le 4 octobre 1908, Noisseville devint un symbole de la permanence de « l'esprit français » au sein du Reichsland.

Depuis plus d'un siècle, le monument de Noisseville entretient La mémoire des combats et d'un conflit, la guerre de 1870, qui a marqué l'histoire de la France et de l'Allemagne, et donc de l'Europe. Cet ouvrage retrace la genèse, l'inauguration et la vie de ce témoin fondamental et ô combien symbolique de l'histoire singulière de la Moselle.