Alors qu'une lame de fond indépendantiste a déferlé sur l'Ecosse à l'occasion du référendum de septembre 2014, cette étude montre en quoi les Ecossais marquent leur différence par rapport aux Anglais, et pourquoi, alors qu'ils possèdent leur parlement, leur justice, leur police ou leurs billets de banque, ils continuent à en vouloir plus. ©Electre 2024

Les écossais

Personne n'avait vu venir la lame de fond indépendantiste qui a déferlé sur l'Écosse lors du référendum du 18 septembre 2014. Pas assez soutenue pour balayer la Grande Bretagne, sa force - 45 % de « oui » - n'en a pas moins sérieusement ébranlé les fondations de l'édifice commun.

Unis volontairement aux Anglais depuis trois siècles (quatre si on remonte à la double monarchie), les Écossais continuent à marquer leur différence.

Qu'est ce qui taraude donc ce peuple ? Pourquoi, alors qu'il est mieux loti que beaucoup d'autres, avec son parlement, ses universités, sa justice, sa police, ses hôpitaux, et même ses billets de banque, continue-t-il à vouloir plus ?

Au siècle de la mondialisation, les Écossais continuent à se voir comme une nation. C'est une conviction calme, sourde et puissante comme un orage sur les Highlands. Ceux qui en doutent n'ont qu'à s'asseoir dans le stade de Murrayfield, un jour de match de rugby contre l'Angleterre, l'Irlande ou la France. Ou, mieux encore, partir à leur rencontre dans leurs banlieues, leurs châteaux, leurs îles ou loin de leurs frontières. C'est cette enquête hors des sentiers battus que propose ce récit.

Céline Boyer, artiste photographe, a invité des personnes d'origines différentes à témoigner sur leurs ancêtres, leurs racines. La série de photographies Empreintes (publiée aux éditions Parenthèses en 2013) mêle le tracé cartographique de leurs origines au « portrait » d'une main à chaque fois unique.
Emblématique, cette main personnifie la collection « Lignes de vie d'un peuple » centrée sur la vie réelle des gens. En couverture, la main de Patrick, Écossais :

Patrick, 58 ans, témoigne :
« Mon pays bénéficie d'une image plutôt positive, quoique assez bizarre. C'est en France par exemple que j'ai entendu parler pour la première fois des châteaux hantés qui, apparemment, sont une des caractéristiques des Highlands. De tels clichés sont inévitables, et parfois assez amusants. Mais c'est frappant de constater que malgré tous les discours sur l'identité, tous les efforts pour promouvoir la connaissance de l'autre, ce que les étrangers retiennent de vous, de votre pays et de votre culture, c'est surtout une vision folklorique. »