Deux livres d'artiste qui font fusionner arts visuel et littéraire pour explorer les thèmes de la transformation et de la métamorphose, à travers celles d'un sanglier, figure totémique inspirée d'une iconographie populaire glanée dans les Ardennes. Dessins et textes se complètent pour offrir une réflexion profonde sur la nature de l'identité et la relation entre l'homme et l'animal. ©Electre 2025

Récit dessiné de la transformation d'un sanglier sous ses infinies variantes, ces deux tomes des Métamorphoses d'un sanglier voyant mettent en scène, en textes et en images, les métamorphoses d'une figure animale devenue totémique sous la main de Jean-Luc Parant dont la poésie s'étoile entre boules, prose, cosmogonie et métaphysique.

C'est l'ingénieux Prométhée, à la pensée « anticipatrice », qui vola le feu du ciel, ce qui ne correspond pas vraiment aux faits, car le soleil, feu du ciel, est toujours bien là, là où il a toujours été avant les hommes et leurs dieux. Prométhée apprit à allumer le feu et à le moduler selon divers usages. La transmission de ce savoir-faire fut une avancée considérable dans l'histoire de l'humanité.

Afin de se venger de ce sacrilège. Zeus, père des dieux, furieux, jaloux, tout-puissant, ordonne alors au dieu inférieur - sous-dieu - Héphaïstos (forgeron, artiste, inventeur) de créer une femme ravissante. Cette femme irrésistible, « Pandore » (douée de tous les dons), n'est pas seulement belle, elle est aussi intelligente, espiègle, sémillante, dotée d'un grand talent musical, et Athéna en personne lui accorde le don d'une parole enchanteresse. Elle reçoit aussi une précieuse offrande, une mystérieuse boîte magique qui, par une inversion en miroir, donc conceptuellement à l'opposé de ses qualités, contient tous les maux du monde. Peut-être par curiosité, mais sans aucun doute en tant que fatal instrument de Zeus, Pandore ouvre un jour ce gracieux coffret à poisons, et tous les fléaux, tous les maux, toutes les épidémies du monde et les hystéries de masse qu'il contient en surgissent et fondent sur l'humanité ; Pandore ferme la boîte rapidement, avant que le mal ultime, l'Espérance, ne puisse s'échapper là réside toute l'ambiguïté du mythe.

Que veut dire cet épisode issu du monde des légendes grecques ? On croit que sa traduction, son interprétation, sa transmission ont été faites de manière imprécise, incomplète, voire fausse. Après plus de deux mille ans d'exégèse reste un mythe disponible, ouvert et fécond.

La collection « Pandore » nomme, à l'exemple de l'art et de l'anti-art, les fléaux et les grâces, les répand et tente de les interpréter, et donc compte tout naturellement sur l'Espérance consolatrice.

Horst Haack