Cet essai très personnel de Rose Lamy est aussi touchant que juste. Inspiré par l’expérience de sa propre vie, le livre nous invite à poser un regard sur nos biais classistes : comprendre comment ils imprègnent notre quotidien, notre rapport à la culture, ainsi que nos parcours relationnels.
Ascendant Beauf se lit d’une traite. La plume fluide et sincère de l’autrice nous transporte immédiatement. Elle réconcilie sur l’amour que l’on porte à nos origines beaufs ; un socle culturel qui construit nos identités populaires et dont on nous fait souvent culpabiliser à tort.
Rose Lamy nous invite ainsi à reconsidérer l’ampleur du mépris de classe dans notre société.
Elle analyse la fabrique de cette figure symbolique du beauf : le mauvais pauvre, celui dont on se distance, celui qui manque de capital culturel et que l’on peut mépriser. Si l’on est tous le beauf de quelqu’un, c’est que le beauf n’existe que pour être l’outil de domination qui sert à humilier et décrédibiliser les classes populaires.
Alors, quelle est la réalité de la vie de ceux qu’on désigne comme “ beaufs” ? C’est, nous dit-elle, les morts à un âge précoce, la difficulté d’accès aux soins, et l’humiliation permanente.
Elle interroge alors la place politique donnée au mépris de classe dans les luttes sociales. Une question souvent investie sur le plan économique, mais rarement sur le plan culturel et personnel : si l’intime est politique dans le champ féministe, pourquoi ne le serait-il pas aussi sur le plan de la classe ?
Ascendant Beauf c'est aussi avant tout une ode à la musique que l’on cache dans nos écouteurs, aux prénoms qui choquent les références bourgeoises, et à la solidarité populaire comme langage d’amour dans les familles.
Un coup de coeur de Madeleine, à retrouver au rayon Sciences Humaines.