Une réflexion autour de l'éthique du design, dans laquelle l'auteure démonte les ressorts idéologiques de la discipline et propose des solutions attentives à l'écologie ainsi qu'à une forme expérimentale de socialisme. Tout en s'enracinant dans la sociologie culturelle de Francfort, elle permet aux praticiens, théoriciens et usagers de se retrouver dans une perception commune du design. ©Electre 2025

Tout a commencé avec le souhait d'être utile au design, la tentative pour formuler et répondre aux problèmes auxquels notre pratique est confrontée. Or, il apparaît que le design rencontre actuellement deux problèmes conjoints. En effet, l'idéal éthique et la visée scientifique du design, qui visent à améliorer l'habitabilité du monde, pour l'un, et à se saisir comme champ d'étude, pour l'autre, semblent perdus pour la modernité tardive. L'innovation factice à laquelle conduisent le marché et le système capitaliste de production, d'une part, l'émiettement disciplinaire, voire la défiance envers toute tentative de théorisation, d'autre part, en sont des indices patents. Un pas de plus, et une question inquiétante peut être formulée : et si ce déficit théorique du design était en fait, tout comme la perte d'un idéal éthique, orchestrés par le capitalisme néo-libéral de nos sociétés ? Ou, sans aller jusqu'à cette forme de soupçon, et si cette perte de l'idéal éthique et de la recherche scientifique sur, pour, et par le design participaient du développement de ce système économique ?

Or, s'il est une école de pensée qui s'efforce d'analyser l'impact du capitalisme de son émergence à nos jours, c'est bien l'Ecole de Francfort et les philo-sociologues de l'institut de recherche sociale. Ce souhait et cette tentative de formulation des problèmes se sont alors transformés en une hypothèse de travail. Par la lecture, la transposition, la reformulation de leurs concepts clés, et par la réalisation d'enquêtes d'obédience sociologique, ne pourrions-nous pas élaborer une théorie critique du design pour éclairer ces difficultés éthiques et épistémologiques ? Ne pourrions-nous pas, au-delà d'une phase critique, tenter de franchir ce double obstacle ?

Si vous êtes curieux de comprendre en quoi le design améliore notre manière d'habiter le monde, ou las d'entendre dire qu'il produit des objets de luxe, pollue la planète par le truchement de la mode ou de gadgets, ce livre est pour vous. Prenant ces critiques à bras le corps, il questionne : le design a-t-il failli à son éthique ? Demeure-t-il réfractaire à une réelle connaissance ? S'il s'enracine dans la sociologie culturelle de Francfort, c'est à l'écoute des designers que cet ouvrage instruit ces questionnements. Il en démonte les ressors idéologiques, propose des solutions attentives à l'écologie et à une forme expérimentale de socialisme dans lesquelles praticiens, théoriciens et usagers pourraient enfin se retrouver.