Un couple de vampires s'endort en 1902 et se réveille en 2015. Les deux créatures sont terrifiées par les changements qui se sont produits en plus d'un siècle, d'autant qu'une ligne de train a été installée près de leur manoir et que ce dernier est devenu la cible d'un parc d'attractions. Leur regard permet d'interroger le spectateur sur la société d'aujourd'hui. ©Electre 2024

Elle : Une bonne centaine d'années ! J'ai dormi combien de temps, moi ?

Le domestique : D'après le registre... Cent treize ans, trois mois et dix-huit jours !

Elle : Cent treize ans ! Je dois être complètement fripée... Cent treize ans ! On aurait pu me réveiller plus tôt tout de même ! Et l'autre ?

Le domestique : Vous voulez dire Monsieur ?

Elle : Evidemment.

Le domestique : Monsieur n'est pas encore revenu parmi nous.

Elle : Ca ne m'étonne pas. Toujours à traîner dans son cercueil ! Qu'est-ce que c'est que ce bruit ?

Le domestique : Un TGV, Madame.

Elle : Un quoi ?

Le domestique : Un train à grande vitesse.

Elle : C'est absolument abominable. Et on autorise ce vacarme ?

Le domestique : Plusieurs fois par jour ! Sauf les jours de grève. Je crains que vous ne trouviez le monde bien changé. En cent treize ans...

Elle : On dirait que cette... Chose traverse notre parc.

Le domestique : C'est la triste réalité. Madame. La « chose » traverse notre parc. Nous n'avons rien pu faire.

Elle : Ah ! Tout de même ! J'ai cru que ça ne s'arrêterait jamais. Eh bien qu'est-ce que vous attendez Maurice ? J'ai soif.

Le domestique : Je ne m'appelle pas Maurice, Madame.

Tout le monde le sait : les vampires ont besoin de longues périodes de repos dans leur cercueil. Un couple de vampires s'est endormi en 1902 et se réveille en 2015. Inutile de dire qu'ils vont vivre un véritable choc car il s'en est passé des choses en un siècle.

Une ligne de TGV a été installée à cent mètres de leur lugubre manoir et un parc d'attraction convoite la demeure de nos deux assoiffés de sang !

Le regard qu'ils vont porter sur notre société d'aujourd'hui nous permet de prendre nous-mêmes un peu de recul.