En novembre 2001, neuf dramaturges, dont Hermas Gbaguidi, et un metteur en scène, venus d'Afrique et d'Europe, ont vécu ensemble à Bamako, au Mali, pendant un mois, créant la Ruche Sony Labou Tansi. Nés du mélange des réflexions, des débats, des sensations et des souvenirs, les textes, dont ces deux pièces, achevés ensuite par chaque auteur, sont imprégnés de la culture subsaharienne. ©Electre 2024

La vallée de l'ignorance

Tiécoro, journaliste et auteur dramatique, a demandé à sa femme de lire son dernier manuscrit. Comme il insiste pour avoir son avis, elle l'accuse de se faire le complice du pouvoir en évoquant de manière caricaturale le point de vue des étudiants en grève... Devant l'incompréhension et la mauvaise foi de son mari, Aïcha finira par "vider son sac" et jeter sur la table toutes ses frustrations de femme et de citoyenne dans un pays qui se déglingue.

L'odeur du passé

Dans un cimetière, une femme vêtue de noir s'obstine à parler à un mort, au grand dam du gardien qui aimerait rentrer chez lui. La prenant pour une proie facile, il finit par essayer de la séduire sous les yeux d'un fou qui s'est installé non loin de là. De quiproquos en dévoilements, et sur un ton dont l'humour est loin d'être absent, les trois protagonistes vont peu à peu délier les fils d'un drame qui s'est joué dix ans plus tôt.

Aïcha : Les années de sacrifices, les années de renoncement pour rien... ce n'est pas toi qui les portes comme un poids qui t'écrase le cerveau. Je me suis appliquée à être cette femme de ménage que tu attendais, cette femme soumise et résignée. Je m'y suis employée de toutes mes forces, de toute mon âme, pour que mon mari trouve une place au soleil. Mais pas au milieu des fossoyeurs ! Tiécoro, tu m'as trahie. Tu m'as trahie !

Paul : Vous m'intriguez, madame. Votre histoire n'est pas claire. Un mari qui disparaît, laissant maison, voiture, comptes approvisionnés... et une jolie femme par-dessus le marché...

Béatrice : Au nom de quoi vous mentirais-je ? Je ne suis pas une meurtrière. Je suis ici pour pleurer mes amours et...

Paul : Vos amours, dite-vous ? Bravo... mais vous avez choisi la mauvaise heure. Revenez demain.