Ce traité des saisons est l'un des plus beaux livres sur le défense de l'écosystème qu'il m'ait été donné de lire ces derniers mois : à la fois littéraire, car Rick Bass est une des grandes plumes de l'Amérique d'aujourd'hui, et militant car c'est le texte de quelqu'un qui y croit et s'indigne sans tomber dans la caricature.
L'auteur, géologue de son état, après des années passées à travailler dans les gisements de pétrole, a choisi de vivre retiré en pleine nature, dans la vallée du Yaak (dans l'extrême nord-ouest du Montana) avec sa femme et ses deux filles, au cœur d'un lieu encore préservé, mais que menace la déforestation. Fervent écologiste, membre de plusieurs associations pour la défense des grands espaces et la sauvegarde des forêts, Rick Bass fait partie des écrivains de l'école du Montana dite de nature writing, et tous ses écrits traitent de ses préoccupations quant au devenir de notre planète... Disciple de Henry David Thoreau, Grey Owl ou Jim Harrison, il se consacre à une l'écriture engagée pour défendre ses convictions.
Son traité des cinq saisons illustre d'une façon magnifique son amour inconditionnel pour la nature : son journal égrène, saison après saison, les beautés incomparables d'une végétation en perpétuelle mutation en observateur attentif et lucide du risque de tout perdre un jour, peut-être pas si lointain...C'est aussi le quotidien heureux d'une famille qui a trouvé une sorte de paradis sur terre malgré la rudesse d'un lieu où l'homme semble n'être qu'un invité : invité à subir l'hiver infernal, invité à contempler le printemps qui magnifie la terre et les cieux, invité aussi à se laisser surprendre par un temps qui semble n'être qu'ici, cette saison en suspension avant que la nature redevienne maîtresse, débâcle sublime qui fait réfléchir sur les passages, les changements, les mutations. Rick Bass, de ce lieu de solitude devenu le refuge de son heureuse famille, est bien placé pour entendre sourdre les grondements d'une terre que l'Homme détruit tant il est avide d'un présent sans intérêt. Amateurs de Thoreau, le prophète caractériel du Maine s'est trouvé un successeur, il manie une belle langue qui donne vie à son indignation sans oublier le plaisir de la contemplation. Découvrez-le enfin, son journal peut devenir un formidable compagnon de votre été.