Un coup de coeur de Mollat
August (Auggie pour les intimes) n'a jamais été scolarisé. Né avec une grave malformation faciale, il subit dans son enfance plusieurs opérations destinées à lui permettre de respirer puis manger sans assistance. Palais et mâchoires doivent être reconstruits et le petit Auggie grandit dans l'affection des siens entre ses deux parents, Olivia, sa soeur aînée et la chienne, Daisy. Quant arrive l'âge d'entrer au collège, Auggie se dit prêt à tenter l'expérience de la vie au milieu de ses pairs, à être scolarisé pour la première fois...
Qui se souvient de la vie de collège (ou la vit encore) sait combien la bonté et la douceur ne sont pas les sentiments qui s'y trouvent le mieux représentés. Auggie va donc, comme les autres, faire les frais des sarcasmes, des méchancetés en tout genre auxquels il s'était préparé tant bien que mal. Plus qu'un autre, Auggie va avoir à faire face à la solitude, à la cruauté et à la bêtise humaine mais peut-être mieux qu'un autre, Auggie va aussi trouver des soutiens rares mais sincères et bienveillants...
Toujours à la première personne, le roman s'étoffe des visions de différents personnages : Auggie, bien sûr mais aussi Via (sa soeur), Jack (son ami fidèle mais dont il se croit trahi), Justin (petit ami de Via) ou Melinda (ex meilleure amie de Via mais toujours fidèle amie d'Auggie). Chacun apporte son regard sur Auggie entre tendresse, compassion, jalousie...
S'inspirant d'un jeune garçon au visage difforme croisé dans un parc alors qu'elle y promenait ses deux enfants "normaux", RJ Palacio a réussi avec Wonder a faire entrer ses lecteurs dans l'univers d'un jeune ado dont l'apparence, perçue par les autres comme un handicap, fait de lui une personne différente mais dont la différence fait aussi partie de son identité et de sa personnalité. Sans donner de leçon, mais en ajoutant à l'empathie pour son personnage une bonne dose d'humour, RJ Palacio donne à réfléchir et fait de Wonder un roman au final plein de vitalité qui n'est pas sans rappeler le génial Le premier qui pleure a perdu de Sherman Alexie. Moralité : ce n'est pas parce que l'on naît avec tous les malheurs du monde que tout est perdu !