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S'attache à définir la dialectique existant entre l'objet et le semblant dans la fiction d'E. Wharton, dans trois de ses romans : Chez les heureux du monde, Les beaux mariages et Le temps de l'innocence. Il s'agit d'analyser la manière dont le discours du récit vient à représenter ce qui manque, ce qui cause le désir d'écrire de l'auteur et vient à la rencontre du désir du lecteur. ©Electre 2024
Quel regard sommes-nous aujourd'hui à même de porter sur la fiction romanesque d'Edith Wharton (1862-1937), trop souvent peut-être rangée sous l'étiquette «esthétique et beaux chapeaux»? Cette oeuvre témoin d'une fin de siècle encore marquée par un certain idéal du Beau, du Bon, du Vrai, et déjà à l'écoute des trépidations du XXe siècle naissant est une pierre angulaire de la littérature américaine. Située aux avant-postes de la modernité, comme à la charnière de deux cultures (américaine et européenne), elle tente de garder intacte l'image d'un monde qui disparaît tout en inscrivant avec lucidité et esprit le fruit d'une méditation sur le sujet humain, ses entreprises et ses productions, notamment la création artistique.
Dans trois de ses romans, Chez les heureux du monde (1905), Les Beaux mariages (1913) et Le Temps de l'innocence (1920), Edith Wharton s'interroge sur la place de l'objet dans la nouvelle économie des savoirs et le libéralisme de son Amérique appelés tous deux à se heurter aux apories idéologiques du début du XXe siècle. Son oeuvre de facture classique considère la dimension d'affect qui s'installe entre tout sujet et son objet de désir, que ce dernier appartienne à l'univers domestique (objet de consommation, de décoration), à celui de l'art (littérature, arts plastiques et visuels, architecture, musique), ou à la relation amoureuse.
Edith Wharton place au coeur de son oeuvre nostalgique dont les pastels et autres couleurs légèrement surannées ne sont pas le moindre charme, une dialectique subtile entre l'identité féminine, la relation esthétique et l'objet du désir humain dans une société dominée par les semblants sociaux et culturels. Elle nous invite à repenser l'art non seulement à travers les objets qui s'échangent, se consomment et réjouissent notre regard, mais aussi en fonction du lien social qu'il est appelé à créer, des affects qu'il suscite, de l'éthique qu'il soutient. Enfin, elle nous rappelle l'évidence: l'art est autant ce qui donne à voir que ce qui se donne à voir.
Paru le : 25/04/2003
Thématique : Auteurs - Critique littéraire
Auteur(s) : Auteur : Denise Ginfray
Éditeur(s) :
Presses universitaires de Rennes
Collection(s) : Interférences
Série(s) : Non précisé.
ISBN : Non précisé.
EAN13 : 9782868478078
Reliure : Broché
Pages : 128
Hauteur: 21.0 cm / Largeur 16.0 cm
Épaisseur: 1.0 cm
Poids: 210 g