Textes remaniés issus de travaux présentés lors d'un colloque international tenu à l'Université de Paris-Sorbonne en 2006. Les réflexions explorent le thème de l'obscur dans les oeuvres littéraires anglo-saxonnes et artistiques ainsi que l'enjeu central qu'il représente pour la compréhension de la matière verbale ou picturale et pour la perception de l'effet esthétique. ©Electre 2024

Que cachent les ténèbres et l'illisible ? Vers quelle profondeur l'énigme pourrait-elle nous conduire ? Depuis toujours objet de fascination ou de rejet inquiet, l'obscur n'a cessé de faire signe et de lancer un défi au spectateur et à l'interprète, la métaphore de la perception autorisant le passage entre la vision et la compréhension. Quels sont les rapports entre l'obscur et le sublime ? Comment l'oeuvre littéraire ou visuelle répond-elle à notre attente d'une révélation ? Comment les limites de la représentation s'inscrivent-elles dans la matière verbale ou picturale ?

Consacrée au domaine anglo-saxon, la réflexion proposée ici explore les enjeux complexes de l'obscur dans les arts visuels (peinture, gravure, photographie, cinéma fantastique et naturaliste) et dans un vaste corpus littéraire fictionnel et poétique allant du XVIII^e siècle à nos jours, d'Edward Young à Charles Bernstein, d'Herman Melville à Nick Flynn. Rédigés en français ou en anglais, les textes dévoilent la force d'activation inhérente à l'obscur et examinent les modes de résistance et les stratégies de déstabilisation mises en oeuvre par les créateurs. Parce qu'il y a aussi une pratique de l'obscur, la voix d'une écrivaine-plasticienne s'est jointe à celles des chercheurs mobilisant les outils de la sémiotique, de la philosophie et de la psychanalyse.

Qu'elles soient représentées dans une oeuvre ou produites par divers procédés esthétiques et rhétoriques, les formes de l'obscurité nous invitent à faire retour sur nos pratiques critiques et théoriques. Contre la tyrannie du visible et de la clarté, ce volume constitue ainsi à sa manière un plaidoyer pour l'obscur qui interroge fructueusement notre rapport au sens.