L'étude du portrait dans une oeuvre littéraire ou photographique pose la question de la représentation, de ses codes et de ses pouvoirs à l'époque moderne. ©Electre 2024

Le motif du portrait en abyme fut au cœur de dogmes artistiques et théoriques (D. Bailly, R. Barthes, A Chastel, B. Pommier,...) et d'analyses esthétiques (J. Derrida, B. Lacoue-Labarthe, L Marin, J.L. Nancy, D. Payot,...) s'élaborant autour des principes de la ressemblance et de la dissemblance.

On pourrait créer le terme de semblance pour désigner cet élan du visage qui rejoint son reflet, son double en s'y absorbant et qui, simultanément, marque un écart avec tout portrait puisque ce dernier sera toujours une inexactitude, une erreur de fixité et de pause du temps.

Par l'insertion d'une œuvre composée à l'intérieur de l'œuvre ou par l'intermédiaire d'un miroir, le genre du portrait semble se jouer par excès. Et si une forme de jouissance euphorique ou mélancolique préside à toute représentation ou auto-représentation, on peut supposer que cette mise en abyme permet d'en augmenter la puissance et l'effet.

Ainsi l'étude de cette redondance "du portrait dans le portrait" permet de poser la question de la représentation, de ses codes et de ses pouvoirs à l'époque moderne. Et sa maintenance, dans une sorte de survivance du genre, reste démonstrative de certains déplacements des enjeux représentatifs actuels de la figure, et plus précisément du visage.

Partie des origines de la peinture ou du moins de ses légendes, cette surenchère du portrait pourrait donc avoir son prolongement à l'époque contemporaine, dans des effets de dédoublement. Qu'il s'agisse des photographies de C.Scherman, de portraits virtuels, policiers ou artistiques ou de certaines réalisations de performers, il y a comme un excès du portrait, qui, par nécessité d'expression, semble ainsi se rejouer au fil de l'histoire de la représentation.