Etudes sur la discontinuité dans les littératures espagnole et portugaise, de la discontinuité typographique avec la ponctuation, à la lecture non linéaire d'écrits comme les bibliographies, en passant par les formes brèves en littérature, l'assemblage de fragments relevant de genres littéraires différents, etc. ©Electre 2024

La problématique du continu / discontinu n'est pas étrangère aux préoccupations du GRIAL, Groupe Interdisciplinaire d'Analyse Littérale, intégré à l'Équipe d'accueil 3656 Ameriber. Un programme antérieur avait réuni ses membres autour du phénomène anthologique et il en était résulté un livre, aujourd'hui relativement ancien. Quelque temps avant, trois études publiées dans Littéralité 2, L'esprit de la lettre, étaient consacrées à une oeuvre miscellanée de Lope de Vega, La Circe. Après une excursion dans le champ des noms et de la nomination, (Littéralité 4, Nommer) l'intérêt pour le discontinu, le fragmentaire, le bref, s'est à nouveau manifesté à l'occasion d'un échange sur le dictionnaire dit de Autoridades : rien de plus conforme à la notion de discontinu, en effet, que les dictionnaires, les listes, les annuaires, les recueils de proverbes ou d'aphorismes, les florilèges de morceaux choisis, les notes, les carnets, les agendas, les journaux etc.

Le phénomène littéraire du discontinu dépasse pourtant ces formes fragmentées de même qu'il excède les poétiques de l'épuisement du roman ou de sa mort annoncée : il intéresse toutes les formes, même les plus attachées à la progression conservatrice, lissée, rassurante et unifiée du « continu ». Une réflexion sur les genres a donc conduit à envisager aussi la notion dans des domaines moins immédiatement concernés, comme si la nécessité se faisait sentir de l'observer ailleurs que dans les formes « naturellement » discontinues. Car, en dépit d'un discrédit étymologique tenace, le discontinu est partout, de tous temps et il peut se découvrir en lecture linéaire, en lecture syntaxique, en lecture structurale, mais aussi en lecture dissociée d'un récit et de son enveloppe sonore, ou encore d'un mot à un autre. C'est souvent parce qu'on n'a pas su débusquer le discontinu comme moteur de sens qu'un texte paraît incompréhensible, difficile ou est jugé incohérent.

Le présent ouvrage explore, sans les épuiser, les manifestations paradoxales du discontinu dans la littérature essentiellement, mais aussi dans d'autres domaines où se manifeste sa puissance d'outil stratégique ou théorique.