Un coup de coeur de Mollat
Au début de ce nouvel opus, notre héros est mal en point. Son mariage s'est terminé dans un gouffre, il a quitté Varsovie pour un poste dans la province tranquille, à Sandomierz, "un trou perdu" où il essaie de trouver ses marques loin de son ex-femme et de sa fille. Lui qui aimerait un peu d'animation va être servi : un cadavre vient d'être découvert étendu au pied de la synagogue ! La victime, Ela Bunik, professeur d'anglais, est bien connue de tous les habitants pour son militantisme associatif et sa générosité. Sa mort frappe les esprits. On a retrouvé son corps nu, la gorge sauvagement lacérée, et, cachée dans les buissons, une curieuse arme (celle du crime ?) ressemblant à un immense rasoir affûté, doté d'une lame de 30 centimètres de long sur dix de large... L'enquête révèle qu'il s'agit d'un chalef, couteau utilisé par les bouchers juifs pour l'abattage rituel des animaux. Il n'en faut pas plus pour que remonte à la surface le contexte raciste de cette ville épiscopale au passé antisémite, où rôdent des superstitions profondément ancrées, à l'instar d'un tableau de trois cent ans dissimulé sous une tenture dans la cathédrale...
Encore une fois, Zygmunt Miloszewski surprend son lecteur par une intrigue bien retorse – à cent pages de la fin, votre libraire croyait que tout était résolu, mais non, ô surprise ! - s'appuyant sur les ressorts de l'Histoire, mettant en scène des personnages truculents, avec un humour dévastateur qui ne peut que séduire !