Un coup de coeur de Guillaume D.
Au commencement était le Verbe. Mais lequel ? En quelle langue Dieu s’est-il exprimé pour créer le monde ? Quel est le langage le plus proche de la vérité ? lequel aurait le pouvoir d’en reproduire les contours exacts, en évitant les ambiguïtés, les approximations et les contradictions qui parasitent notre pensée ?
D’un côté, une poignée de signes que l’on peut combiner et recombiner dans tous les sens ; de l’autre, l’univers infini : la recherche de la langue parfaite s’apparente à la résolution d’un puzzle abracadabrantesque où se sont abîmés les plus grands penseurs européens tout le long de notre histoire.
Les kabbalistes composèrent des anagrammes avec toutes les lettres de la Torah afin d’y découvrir un sens caché ; John Dee se contenta d’un unique symbole magique qui engendrerait tous les autres et nous révélerait les mystères de ce monde ; Leibniz estima que l’on pouvait se contenter des mathématiques pour se comprendre et anticipa le langage informatique, un siècle et demi avant Boole ; François Sudre, considérant que la musique seule était universelle, proposa que nous bavardions en chantant avec son Solrésol. Tous échouèrent admirablement mais tirèrent de leurs déconvenues des trouvailles inattendues, dont nous sommes aujourd’hui redevables à bien des égards.
Avec son érudition habituelle, Umberto Eco nous entraîne à la poursuite d’un rêve qui a traversé les siècles et nous offre une lecture, certes dense, mais passionnante.