Réunit des études présentées par des historiens et des spécialistes de la littérature médiévale en pays d'Islam et en Europe lors de deux colloques portant sur les exempla et les dialogues. ©Electre 2025

Les travaux de Peter von Moos et ceux plus récents de Carmen Cardelle de Hartmann et Corinne Denoyelle ont attiré l'attention sur l'importance des formes dialoguées dans les processus didactiques durant la période médiévale. L'équipe de recherche sur les exempla médiévaux a souhaité poursuivre cette enquête dans le cadre de la littérature exemplaire. En effet, l'organisation même des recueils d'exempla repose bien souvent sur le dialogue initiatique entre un clerc savant et un jeune ou un frère expérimenté et un novice, voire même entre diverses créatures.

Au niveau de la narration elle-même, le dialogue joue un rôle essentiel dans la dynamique narrative et l'explicitation du message transmis par cette parole exemplaire. Cette double présence active du dialogue innerve la littérature exemplaire (entendue ici au sens large, au-delà de l'exemplum strictement homilétique) depuis les Pères du Désert jusqu'aux derniers recueils de la toute fin du Moyen Âge et des débuts des Temps Modernes.

L'ambition de ce volume est de jeter un regard neuf sur ces récits exemplaires à la lumière des travaux sur les interactions verbales et la théorie du jeu, pour mieux approcher la diversité des formes dialoguées. On espère ainsi comprendre leurs fonctions dans la rhétorique de la persuasion. Ces mises en forme dialogique du message chrétien sont ici l'objet d'une comparaison avec les textes narratifs en terre d'Islam. Pour ce qui est de l'Occident médiéval, ces dialogues exemplaires ont directement servi à la formation des novices au sein de la clôture monastique et à celle des jeunes frères dans les couvents mendiants. Les laïcs ont été touchés par ces anecdotes exemplaires grâce à l'intense prédication ad populum développée à partir du XIII^e siècle et grâce à la lecture. Ce dernier vecteur de diffusion, qui tend à se démocratiser à la fin du Moyen Âge a été assimilé à « une prédication dans un fauteuil » par Michel Zink.