Examen philosophique de la conception platonicienne des rapports entre l'âme et le corps et de sa postérité dans l'histoire de la philosophie occidentale. ©Electre 2024

L'esprit matériel

Nouvelle anatomie où l'on profane et décrit par le menu les derniers secrets de Platon

Que se cache-t-il derrière L'Esprit Matériel ? S'agit-il d'un nouveau nom pour désigner le Bien de Platon, auquel l'auteur avait consacré une précédente Anatomiesous le pseudonyme de Luc-Marie Nodier ? Ou bien du « dualisme ancien » de l'âme et du corps et derrière lui du dualisme utilitaire du plaisir et de la souffrance, que ce nietzschéen ferait incompréhensiblement mine d'assumer ? S'agit-il de Dieu lui-même ? Mais d'un Dieu enfin épuré de l'ancien et pourtant rémanent fantasme de l'immortalité ? - Dans ce singulier ouvrage où l'auteur n'a rien perdu de la jubilante insolence et de l'acuité passionnée qui le caractérisait, le philosophe tranche au beau milieu de la conception platonicienne du Bien pour révéler cette « lézarde invincible dissimulée dans le soubassement d'un majestueux château fort construit pour l'éternité ». Mais la critique de la présence tenace d'une philosophie du Bien qui viserait exclusivement le Bien en constitue-t-elle le dernier mot ? L'Esprit Matériel n'annonce-t-il pas, « radicalement soustraite à l'autorité platonicienne », « l'unimultiplicité » de la vie et de l'espace, de Dieu et du monde, du bien et du mal dont la connivence « fait pâlir la sagesse du monde » ?

Ce livre a le mérite essentiel, sous couvert comme le dit le sous-titre de percer à jour les « derniers secrets de Platon », de recréer l'unité d'une histoire de la philosophie qui, de Platon à Nietzsche et Michel Henry, n'a au fond jamais cessé de méditer ce qu'est la Vie. En secrète amitié avec la vie henryenne quoique non restreint à ses présupposés conservatoires, il la nomme le « pur esprit ». L'Esprit Matériel produit l'étonnante démonstration du fait que Nietzsche et Henry sont en Platon et que le divin inventeur du mot « philosophie » n'a pas fini de déterminer la piste sur laquelle se joue le destin de l'Occident. C'est une réponse à Heidegger : nous n'avons jamais été dans l'oubli de plus en plus profond de l'être, mais à la recherche de la Vie à travers la glorification du « pur esprit » sive Dieu - qui est finalement L'Esprit Matériel.