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Une lecture de l'Apologie de Socrate de Platon, qui souligne l'intelligence du philosophe à l'égard du fonctionnement institutionnel de l'assemblée devant laquelle il fut convoqué. L'auteure démontre que Socrate a prévu toutes les réactions, agissant néanmoins à l'encontre des attentes de son auditoire. ©Electre 2024
Les Athéniens du Ve siècle av. J.-C. ont inventé la démocratie, la loi, la raison et la liberté du citoyen pour gérer les affaires publiques. Mais, en dehors de ce champ politique, la plupart d'entre eux - démocrates comme aristocrates - se laissaient guider par les nomoi, ces coutumes des ancêtres qui définissaient les rôles de chacun, selon un ordre à la fois social, moral et... religieux.
Socrate, en s'en remettant au seul sujet pensant, dans sa recherche de ce qui est véritablement « bon » pour l'homme, brisa la légitimité de cette transmission générationnelle. Il se mit à la place du père pour proposer une éducation à la réflexion, un autre accès à la vertu.
Tous ceux qui perpétuaient l'ordre des nomoi se sentaient réellement menacés dans leurs repères par les idées nouvelles des « physiciens », sophistes ou philosophes, qui venaient les ébranler. Comme système de défense, ils projetaient une représentation fantasmée de ces intellectuels qu'ils accusaient, sans distinction, de « corruption de la jeunesse et d'impiété ». Aristophane, dans sa comédie Les Nuées, ne faisait que mettre en scène ce rejet idéologique, lorsqu'il proposait de brûler dans « son pensoir » un certain Socrate... Quand, vingt-quatre ans plus tard, Anytos intente un procès à Socrate, l'opinion est sans doute de son côté.
Anaxagore et Protagoras eurent aussi leur procès et connurent l'exil. C'est la démarche « dissidente » de Socrate, transgressant sciemment codes et normes du tribunal, qui le fit condamner à une mort choisie. Il sauva ainsi la philosophie en péril dont il devint l'emblème.
Le Socrate que nous découvrons, en lisant Platon mais aussi Xénophon, est à la recherche de ce qui est « essentiel » en l'homme, pour en tirer le meilleur parti. Son « souci de soi », que l'on ne peut dissocier du « souci de l'autre », prend en compte les différentes dimensions de l'humain : la pensée critique et dialectique, mais aussi la santé, l'amitié, les rôles sociaux, la loi. Il fait émerger l'individu, articulant sa capacité de rupture avec la responsabilité vis-à-vis de lui-même et du monde qui l'entoure. Il propose alors une éthique qui se confond avec une forme supérieure de civisme. Une utopie d'actualité !
L'auteur, en conclusion, confronte la notion de dissidence avec celle de parrêsia que Foucault définit ainsi : « Il y a parrêsia lorsque le dire-vrai se dit dans les conditions telles que le fait de dire la vérité et le fait de l'avoir dite va ou peut ou doit entraîner des conséquences coûteuses pour ceux qui ont dit la vérité. »
Paru le : 17/02/2010
Thématique : Textes des Philosophes
Auteur(s) : Auteur : Maryvonne David-Jougneau
Éditeur(s) :
Solin
Collection(s) : La promenade philosophique
Série(s) : Non précisé.
ISBN : 978-2-7427-8781-4
EAN13 : 9782742787814
Reliure : Broché
Pages : 190
Hauteur: 24.0 cm / Largeur 15.0 cm
Épaisseur: 1.4 cm
Poids: 250 g