Pour combler un impensé dans l'approche de l'homoparentalité masculine, l'auteur de cette étude propose d'ouvrir un champ de réflexion axé sur le développement de l'enfant, en ayant recours aux notions psychanalytiques de rupture, de fonction maternelle, de roman familial, de complexe d'Oedipe, etc. Il interroge notamment la relation de l'enfant au ventre du père en l'absence de ventre maternel. ©Electre 2024

L'homoparentalité masculine semble désormais entrer dans les faits et aller de soi tout en restant relativement impensée. C'est pourquoi nous avons souhaité de manière impérieuse et sans aucune dimension critique, nous inscrire à partir de notre formation, dans le débat. Nous avons comme essentielles préoccupations la place et le devenir de l'enfant qui semble se dérober à l'inverse de l'intérêt quasi-exclusif des adultes.

Nous avons en conséquence tenté de considérer l'incidence de ce type de situation sur les différents moments évolutifs de l'enfant. A cet effet, ont été abordées les notions de rupture, de fonction maternelle, de roman familial, de complexe d'oedipe et d'épistémophilie, pour nous appesantir sur, selon nous, le déterminant majeur que constitue la scène primitive avec ses différentes déclinaisons.

Nous savons, à ce propos, que de manière ontologique, l'enfant polarise au décours de son parcours ses intérêts vers le ventre maternel censé receler toute une série d'éléments matriciels concernant entre autres choses sa préhistoire et son histoire. Melanie Klein et ses continuateurs l'ont magistralement étudié.

Cependant, il convient de rehausser deux éléments complémentaires indispensables que sont d'abord la tentative pour l'enfant d'accéder à une certaine figuration de sa vie intra-utérine et ensuite son identification aux objets internes séquestrés dans le ventre maternel.

Dans le contexte de l'homoparentalité masculine, ce précieux travail de figuration bute sur l'idée d'un impossible enfantement par l'homme. De concert, l'habituel mécanisme d'identification aux contenus du ventre utérin se commue ici en un processus d'identification adhésive aux résidus du ventre digestif des pères dont la sommation - il y a du plus d'hommes - vient infléchir ce déplacement.

L'enfant passe ainsi d'une quête en direction du ventre maternel pour approcher les éléments de son histoire, à une attraction adhésive vers le ventre paternel qui ne contient que des résidus promis non à la mise au monde mais à l'évacuation. C'est donc à ce titre que nous avons évoqué comme risques de ce rapport aux déchets, de sévères atteintes dans trois domaines, d'ailleurs très intimement liés : une grande affliction narcissique, des difficultés cognitives et des manifestations dépressives à l'expression parfois sourde mais préoccupante quant au développement psychologique de l'enfant...