Un coup de coeur de Mollat
Ce recueil de quelques articles choisis, des années 80 à aujourd'hui, témoigne de la volonté de l'auteur d'apporter un esprit critique sur l'œuvre de Lacan mais aussi sur l'homme souvent adulé ou haï sans mesure.
Si Lacan semble être le sujet des articles, c'est Michel Schneider que l'on découvre, grâce notamment au premier chapitre, D'une passion l'autre, plus personnel. D'abord jeune homme passionnément maoïste, il ne se détache de cet assujettissement que pour rejoindre les rangs des disciples de Lacan, « Saint Jacques », comme il dit. La lecture d'A la recherche du temps perdu va offrir à l'auteur, peut-être pour la première fois, l'espace suffisant pour commencer à pouvoir penser différemment de la foule de ces camarades maoïstes. « Si je dis salut, c'est que Proust […], m'apprenait le sens des choses et la langue pour les penser ». La littérature entre dans la vie de l'auteur et n'en sortira plus.
Que ce soit à travers la critique de Lacan, de l'homme, de ses théories, de la question de la légitimité de la psychanalyse, de la notion de miroir dans la cure analytique etc., on retrouve article après article, cette volonté de mise à distance suffisante mais pas trop, cette préoccupation de la soumission à l'autre et de la domination.
Et puis que dire du style sinon qu'il est bien loin le temps des « articles aujourd'hui illisibles en lacanien basique »...