Un coup de coeur de Mollat
Le décor nous plonge dès le prologue dans le paysage grandiose et inquiétant des montagnes des Pyrénées. Des ouvriers, chargés de la maintenance de l'usine hydroélectrique, empruntent le téléphérique. Au sommet, une ombre pendue les attend, qu'ils ont du mal à identifier et qui fait monter l'angoisse au fur et à mesure de l'ascension : « C'était accroché au-dessus de la plate-forme, juste en dessous des câbles et des poulies – comme suspendu dans les airs. Cela ressemblait à un papillon géant, un papillon sombre et maléfique qui se détachait sur la blancheur de la neige et du ciel... Ce n'était pas un papillon, ni un oiseau ». Ni homme, ni papillon, ni oiseau, mais un cheval à la tête décapitée, dont deux grandes portions de peau détachées du corps pendent comme des ailes repliées.
On dépêche sur place le commissaire Servaz, de la Police Judiciaire de Toulouse qui s'agace qu'on le dérange pour un simple animal. Mais, malgré lui, la macabre découverte l'impressionne et lui fait penser à l'œuvre d'un esprit dérangé... Les questions se bousculent. Quel genre d'être humain est capable de s'en prendre ainsi à une bête ? Comment a-t-on pu transporter cette masse de chair jusqu'en haut ? Dans quel but ? Et comment se fait-il que les vigiles n'aient rien vu, rien entendu ?
L'enquête révèle très vite que ce cheval, un magnifique pur-sang bai hors de prix, appartient à Éric Lombard, un riche homme d'affaires. Aurait-on voulu l'atteindre par cette effroyable mise en scène ? Les soupçons s'orientent vers l'institut Wargnier, situé dans la vallée voisine, centre de psychiatrie pénitentiaire de haute sécurité, où sont enfermés de dangereux fous et tueurs. Mais personne ne s'en est échappé, alors ?...
Tel est le début de cette histoire dense et captivante, inventive et retorse, remplie de fausses pistes, qui tient ses promesses jusqu'au bout : à aucun moment l'intrigue ne faiblit, les personnages sont excellemment campés, et le style de l'auteur, haletant, ne laisse aucun répit au lecteur - à tel point que votre libraire n'a pu lâcher ce pavé qui se dévore, en a passé une nuit blanche, et ne l'a pas regretté !