Pour l'auteur, les aspects répressifs et inhumains de la colonisation de l'Algérie ne doivent pas pour autant entacher les efforts de ceux qui, plaçant l'homme au coeur de toute civilisation, apportaient leur savoir et leur expérience aux populations algériennes dans le cadre des centres sociaux éducatifs, par exemple. Le témoignage d'un éducateur dans les dernières années de l'Algérie française. ©Electre 2024

De la Lorraine à l'Algérie

C'est à une invitation au voyage que nous convie Georges Garillon. Un double voyage dans le temps et en d'autres lieux. On comprend bien sûr, et d'emblée, combien a pu être marquante, pour un jeune homme de vingt et quelques années, l'expérience des Centres Sociaux Educatifs en Algérie, auxquels il apporta sa contribution.

On ne retient de l'Algérie « colonisée », et dans une sorte de pensée conformiste répondant à tous les critères de la « pensée unique », que les aspects avilissants, répressifs, et pour tout dire inhumains. Loin de l'auteur l'idée de nier cet état de fait. Les excès, les erreurs, les travers pris par le colonisateur, ne doivent pas, cependant, cacher les efforts de ceux qui, plaçant l'homme au centre de toute civilisation, apportaient leur savoir, leur expérience, leur technique, aussi modestes, aussi simples fussent-ils, et partageaient, avec toute la sincérité et pourquoi ne pas le dire, l'amour nécessaire, avec ceux qui, somme toute, étaient avides d'apprendre.

Quand on lit Georges Garillon, qui a rassemblé ici, les souvenirs anciens de son expérience d'éducateur en Algérie, pour peu de temps encore française, on sent bien quel fut, lorsqu'il rencontra des hommes et des femmes (comme Marcel Basset), son enthousiasme, et pourquoi pas, de-ci, de-là, à chaque réussite, à chaque succès, il eut une sorte de jubilation dans la satisfaction du devoir accompli.

Rien ne nous montre mieux que ce livre, combien, encore une fois, tout repose sur l'homme et que, succès comme échec, tiennent parfois à une personne, celle qui a trouvé le bon ton, la bonne méthode, le mot juste... Respect, tolérance, envie de partager sa connaissance, c'est finalement aux règles toutes simples de l'éducation populaire, que se rallie Georges Garillon à travers son expérience et les drames qui ont forgé son âme d'homme.