Ce reportage photographique présente les actions de l'Etat en mer à travers les diverses mesures sécuritaires mises en place pour protéger les hommes et les navires dans la zone maritime de la Manche et de la mer du Nord, qui concentre un trafic dense et accueille de multiples activités : commerce, pêche professionnelle, pratiques sportives, exploitation des ressources naturelles, etc. ©Electre 2024

Vigilances maritimes

Au coeur des missions de sécurité en Manche et Mer du Nord

La mer m'inspire des émotions, des réflexions, et je l'observe et la photographie depuis quelques années.

Au cours d'un reportage à bord d'un chalutier cherbourgeois au large de l'Irlande, dans des conditions de tempête qui m'étaient inconnues jusqu'alors et une étonnante obscurité pour cette fin de matinée, un sentiment d'isolement m'a envahi.

Quels peuvent être les moyens mis en oeuvre pour secourir un naufragé ou assister un navire victime d'une avarie dans de telles circonstances ? Et, plus largement, qui sont ces hommes dont le métier est de surveiller et de protéger nos côtes, de s'assurer que les manoeuvres des cargos dans nos ports se déroulent sans dommage, de contrôler les flux de navigation ou d'intervenir en cas d'accident ?

Pendant deux années d'investigations et de rencontres, mon regard s'est porté sur le professionnalisme et l'humilité de ces hommes et femmes, tous passionnés par les océans.

La préfecture maritime a mis tous les moyens à ma disposition afin de travailler dans les meilleures conditions possibles. J'ai ainsi partagé le quotidien des équipages des patrouilleurs de la marine, de la gendarmerie et des affaires maritimes, qui ont fonction de garde-côte, mais aussi des remorqueurs et autres corps de métiers tout aussi essentiels à la sécurité de la navigation maritime et à la préservation de l'environnement.

Véritables fers de lance et principaux partenaires des CROSS, les sauveteurs bénévoles des unités de la SNSM et les équipages des hélicoptères de l'Etat sont les premiers à porter secours en mer. Afin de mieux les connaître et de comprendre les ressorts profonds qui les animent, je me suis souvent retrouvé à leurs côtés lors d'exercices ou d'interventions réelles. Je peux ainsi témoigner de la force de leur engagement, de l'étendue de leurs connaissances, de la richesse de leur sens marin, de leur esprit de solidarité, de leur capacité à faire face aux éléments, et surtout de leur passion.

Je n'envisage pas la Photographie autrement qu'en m'immergeant totalement dans l'univers des hommes et des femmes que je rencontre au cours de mes prises de vues. En cherchant au sein du monde de la sécurité maritime des réponses à mes angoisses hauturières, j'ai rencontré des gens de mer dévoués et passionnés.

Vigilances maritimes me permet de leur rendre hommage.

La première fois que j'ai rencontré Antoine Soubigou, il débutait tout juste son travail de prises de vues pour un projet d'ouvrage consacré à la sécurité maritime. Le thème choisi ne pouvait pas laisser indifférent un directeur de centre de surveillance et de sauvetage, et les portes du CROSS lui ont donc été ouvertes bien volontiers.

Mais c'est seulement en découvrant ses premières images que j'ai compris le fond de sa démarche. Jamais, dans une photographie, je n'avais ressenti ni reconnu le travail des opérateurs du CROSS avec une telle intensité. Et c'est là toute la richesse des oeuvres d'Antoine Soubigou : il ne cherche pas à photographier des agents, impersonnelles incarnations de fonctions prétextes à des images spectaculaires, mais bien des femmes et des hommes, des individus dans leur concentration, leur application, leur engagement, leur mission.

Et ce qu'il a fait au CROSS Jobourg, Antoine Soubigou l'a développé également à bord des navires de l'Etat, des pilotines, des remorqueurs et des hélicoptères, au sein des sémaphores et auprès des bénévoles de la SNSM.

Il est allé à la rencontre des gens, tout simplement.

Alors lorsqu'il s'est agi de lui apporter les informations techniques qui lui manquaient pour illustrer ses photographies, il était facile et, avec le recul, inéluctable de se laisser emporter et de l'accompagner un peu dans son projet. Une manière de le remercier d'avoir su voir et transcrire ce que font au quotidien les hommes et les femmes de la sécurité maritime.