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Préfacier : Andrea Barrett - Traducteur : Marie-Hélène Dumas
Un coup de coeur de Mollat
A la veille de leur départ en Afrique Laura et Desmond Clapper organisent un petit dîner d'adieux et ont convié la famille de Laura, Carlos, son frère critique musical et homosexuel, Peter, un éditeur ami et admirateur des Clapper depuis de nombreuses années et Clara, la fille d'un précédent mariage de Laura. Aucun des convives ni même des hôtes n'a réellement envie de passer cette soirée mais pourtant tous vont y assister.
Chacun des invités semble redouter le comportement de Laura trop exubérante souvent hystérique et cruelle. Mais Laura, elle-aussi, ne se réjouit pas à l'idée de cette soirée car elle est particulièrement troublée : cet après-midi elle a appris le décès de sa mère, Alma. Elle n'en a pas informé son mari et compte garder le secret tout au long de la soirée. Ainsi lorsque sa fille, première arrivée, entre dans la chambre d'hôtel des Clapper, Laura n'évoque pas la disparition d'Alma et joue parfaitement son rôle tant aimé de « maîtresse de cérémonie ».
Telle une déesse redoutée et toute puissante, Laura règne sur ce petit groupe de « personnages désespérés » tantôt apeurés tantôt dégoutés par cette femme qui ne leur a jamais semblé être humaine.
Ce jeu de massacre doux-amer va durer toute la soirée et réveiller les souvenirs douloureux et les frustrations latentes. Les uns après les autres les personnages se révèlent au lecteur, tantôt faibles, écrasés sous le poids du caractère de Laura, tantôt dénués de tout affect et indifférents au reste du monde.
Paula Fox est de ces écrivains tardifs, elle a commencé à écrire à quarante ans, et a été découverte tardivement également. C'est grâce à la perspicacité d'un autre auteur, Jonathan Franzen, que Fox a pu être réédité Outre-Atlantique puis en France.
Paula Fox orchestre magistralement un jeu de chaises musicales entre les membres d'une famille qui n'en a que le nom et qui fait pourtant échos à toutes les familles existantes. Un pur chef-d'œuvre.