Un coup de coeur de Mollat
Pour appuyer sa réflexion, Édouard Saïd met à la disposition du lecteur ses sources (articles de journaux, entretiens…). Il analyse tout particulièrement la prise d'otage qui eut lieu à l'ambassade américaine de Téhéran (Iran) le 4 novembre 1979. Selon Saïd, tout commença à ce moment-là. A cette époque, les pays occidentaux, sous l'influence américaine, fabriquèrent une image sombre de ce qu'ils nommèrent « Islam ». Mais qu'appelle-t-on « Islam » ? La religion ? Le peuple ? La culture ? Il se trouve que dans bon nombre d'articles de presse, d'analyses de synthèse, la définition n'est pas précisée. Pourtant, il ne s'agit pas des mêmes domaines de recherche, de savoir et les implications au sein du monde arabe et du monde occidental ne sont pas de même nature. Édouard Saïd nous démontre qu'il n'existe pas un Islam mais des Islam. La complexité du monde arabe est bien plus grande qu'on veut nous le faire croire. Les médias ne relaient qu'un aspect particulier des évènements, sans chercher à les comprendre dans un ensemble historique, social, économique et culturel.
Loin de fermer les yeux sur les horreurs perpétrées par certains représentants du monde islamique, Saïd n'en rappelle pas moins les minorités qu'ils représentent. Il soulève également le voile sur l'intérêt que nous avons pu trouver avec certains dictateurs (notamment le Shah d'Iran), ce qui en dit long sur notre « objectivité ».
Cet ouvrage remet à leur juste place les valeurs du monde arabe et du monde occidental. S'il est assez virulent envers les États-Unis, c'est parce qu'ils représentent, selon lui, la plus grande hypocrisie en matière de géopolitique. Les évènements de ces dernières décennies ne peuvent lui donner tort. Suite à cette lecture, les citoyens lambda que nous sommes sont invités à davantage de vigilance dans la manière dont nous consommons les informations. Plusieurs sources valent mieux qu'une !