Un coup de coeur de Mollat
La recette du bonheur ? Le phosphate, découvert en 1896 par un capitaine de passage. Un phosphate presque pur, disponible dans des mines qui semblent infinies, et porte en lui de toutes aussi infinies promesses de richesse : le minerai se fait engrais pour développer l'agriculture en temps de paix, et explosif en temps de guerre. En quelques années, des millions tombent dans les caisses et les Nauruans dépensent sans compter, l'État pourvoit à tout, sans prélever d'impôts.
La rançon du bonheur ? On s'en doute, on la connaît dès les premières pages du récit de Luc Folliet. Déchirements, de l'époque coloniale à l'indépendance, esprits qui flambent avec les dollars, puis c'est le désastre écologique et sanitaire, la faillite économique. La prospérité capitaliste s'est appliquée à faire place sale au cauchemar. « À mon père qui, avant de partir, m'a dit d'aller à Nauru, pour "voir si tout ça est vrai…" ».
Luc Folliet y est allé, et il nous raconte par le détail Nauru dans un petit livre qui se croque en quelques heures, son périple, mais aussi ses précieuses recherches sur le sujet.
On ne sait si l'on doit être soulagé lorsqu'on lit son dernier paragraphe : « Nauru se reconstruit sur les cendres de son funeste passé : la phosphate rock. "Nous n'avons pas d'autre choix, assène David Adeang, un des ministres. Le phosphate est la source de notre développement futur." Sans doute fera-t-il de nouveau de Nauru un pays riche. De toute évidence, il n'y a pas de plan B ».
Élodie Touret