Après une jeunesse marquée par des échecs scolaires et des problèmes d'ordre émotionnel et affectif, pendant son adolescence, F. Lauze commence à fréquenter des milieux douteux. Mais le désir de s'en sortir va le pousser à s'engager dans les paras et partir pour le Liban. A son retour, il entame des études de droit, passe son doctorat, devient commissaire à Fontenay-sous-Bois. ©Electre 2024

Mon itinéraire a été mouvementé, atypique. Je me croyais bien né, rapidement la réalité m'a rattrapé et mes rêves d'enfance se sont abîmés. J'ai glissé dans une spirale qui m'a entraîné dans une descente vertigineuse. Une chute psychologique, scolaire, professionnelle puis sociale où je me suis retrouvé partagé entre révolte et résignation. Je n'avais plus rien à perdre, rien à gagner. La drogue et la délinquance ont commencé à faire des ravages autour de moi, entraînant la jeunesse dans un puits sans fond. Affamé d'aventures fortes et d'exotisme, je me suis engagé volontaire dans les paras et j'ai atterri en 1982 au Liban, alors en pleine guerre civile. Là, j'ai connu Alain, mon compagnon d'armes. Lui aussi était égaré, dans la violence folle et anarchique d'un pays à la dérive.

Au contact du Proche-Orient et de cette terrible guerre, ma trajectoire va changer. La comparaison entre ma violence intérieure, mon destin embourbé, et ce Liban chaotique englué dans une logique de guerre, va m'éveiller. A côté du Liban se trouve Israël, Etat complexe mu par l'urgence sécuritaire et une incroyable énergie vitale. Une situation qui ne va pas cesser de m'intriguer et de m'inspirer.

De retour du Moyen Orient, muni de mon seul Cap de serveur de restaurant, j'ai choisi de m'en sortir seul et pour cela de couper les ponts. J'ai repris mes études jusqu'à l'obtention du doctorat en sciences politiques. J'ai progressivement décollé, je me suis extirpé de ma condition sociale. Mes rêves ont été plus forts que ma condition. J'ai ressenti progressivement l'ivresse de l'ascension, mais jamais la sérénité des sommets car j'ai dû couper trop de ponts et m'éloigner des miens.

Commissaire de Police de Fontenay-sous-Bois en 1996, j'ai retrouvé tragiquement Alain, de l'autre côté de la barrière, plongé dans l'enfer de la drogue.

A présent, je suis plus serein. J'ai la sensation d'être un rescapé. Je suis bien installé dans ma nouvelle vie, mais encore aujourd'hui, j'ai mon Liban intérieur qui me tourmente...